2nd tour de la présidentielle française : Aide et Action inquiète et vigilante

13 avril 2022

Crédit photo : Isabelle Merny 

Le 10 avril 2022, Mme Marine Le Pen a obtenu 23,1% des voix au premier tour de la présidentielle française. Sa qualification pour le second tour de l’élection suscite inquiétude et vigilance au sein de notre association. En effet, la candidate du Rassemblement National, qui a fait de la « priorité nationale » et du « contrôle de l’immigration » les piliers de ses campagne et programme électoraux, défend une vision et un projet à l’inverse de nos valeurs, de nos principes et des projets que nous menons et défendons. Car, depuis plus de 40 ans, Aide et Action, association internationale de développement, se dédie à la solidarité internationale et œuvre pour l’accès à une éducation de qualité, pour toutes et tous, sans distinction d’origine, de genre ou encore de religion.

Depuis 1981, en fondant notre action sur les valeurs d’inclusion, d’intégrité et de dignité, nous accompagnons les populations mondiales les plus vulnérables et marginalisées, sur le chemin de l’éducation et à tous âges de la vie. 

Dans un monde en constant changement, déjà en proie à des inégalités croissantes et aggravées par l’avènement de la pandémie de COVID-19, nous savons, de par notre expérience, que seule une réponse collective et solidaire permettra de faire face aux nombreuses crises – sanitaires, économiques, sociales, sécuritaires et politiques – qui impactent déjà le développement humain et risquent d’encore se multiplier à l’avenir. 

Une solidarité atrophiée

Mme Le Pen défend l’idée d’une solidarité essentiellement hexagonale. La solidarité doit, bien sûr, s’exercer en France : organismes publics et associations travaillent déjà auprès des plus défavorisés français ; et cette solidarité doit, bien sûr, se poursuivre et se renforcer. Mais notre pays est suffisamment stable et économiquement développé pour pouvoir aussi accompagner les populations étrangères, plus défavorisées et démunies, vers le Développement. 

La France a pris depuis longtemps des engagements internationaux qu’elle se doit aujourd’hui de respecter. Ainsi, elle s’est notamment engagée à allouer 0.7% de son PIB à l’aide publique au développement (contre 0.55% de son revenu national brut en 2022) et à contribuer, comme 190 autres pays, à l’atteinte des Objectifs de Développement Durable des Nations Unies (à savoir l’éradication de la pauvreté, de la faim, de la maladie et l’accès gratuit à une éducation de base pour toutes et tous) d’ici 2030. 

Une approche contraire aux droits humains

En dépit de cet engagement historique français en matière de solidarité internationale, Mme Le Pen aborde la politique internationale essentiellement à travers le prisme déformé de l’immigration et de la sécurité. Ses priorités consistent ainsi, entre autres, à instaurer la supériorité du droit français sur le droit international ; restreindre l’obtention du droit d’asile ; supprimer le droit du sol ; durcir les règles de naturalisation ; pénaliser la présence et l’entrée illégales sur le territoire national et favoriser l’expulsion des étrangers en situation irrégulière ; ne pas faire de distinguo en ce qui concerne les mineurs isolés… 

Au nom de la « France qu’elle aime », Mme Le Pen prône donc une politique migratoire violente, excluante, basée sur une approche contraire aux droits humains.

Le risque du repli sur soi

Pour Aide et Action, la campagne et le programme de Mme Le Pen sont alarmants. Envisager son arrivée à l’Elysée, équivaut à craindre un fort repli sur soi, ainsi qu’un accroissement du sentiment, de décisions et d’actions nationalistes et sélectives qui mettraient en péril la survie, l’éducation et le développement de millions de personnes dans le monde, y compris en France. Outre la perte de richesse et de diversité culturelles pour notre pays, la « priorité nationale » constituerait un obstacle majeur sur le chemin de l’acceptation de l’autre, de l’apprentissage du vivre-ensemble, de la solidarité internationale en faveur d’un monde pacifié et durable. Il conduirait également inéluctablement au rejet, à la hausse de toutes les inégalités et discriminations, ainsi qu’à l’exacerbation des ressentiments et des conflits. 

« L’arrivée au pouvoir du Rassemblement National porterait atteinte au développement et à l’avenir de millions d’enfants, de jeunes et d’adultes dans le monde. La France des droits de l’homme, celle des valeurs « liberté, égalité, fraternité » prônées sur les frontons mêmes des écoles de la République, deviendrait la nation du chacun pour soi, de la discrimination et de l’exclusion. A l’inverse de tout ce pour quoi nous luttons depuis plus de 40 ans ! » alerte Charles-Emmanuel Ballanger, Directeur d’Aide et Action France.

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