Action Education en Asie du Sud

Le contexte d’intervention
Avec plus de 1,4 milliard d’habitants, surpassant la Chine, l’Inde connaît une croissance économique rapide, en particulier dans des secteurs comme la technologie, les services et l’industrie manufacturière, cependant, une pauvreté importante persiste. Selon le rapport du PNUD intitulé Indice national de pauvreté multidimensionnelle, le taux de pauvreté est de 14,96 % (2019-21). Certaines populations marginalisés, tels que les Dalits et les Adivasis, souffrent de manière disproportionnée de la pauvreté.
La pauvreté reste un obstacle important à l’éducation en Inde, car les familles ont du mal à payer non seulement les produits de première nécessité, mais aussi les dépenses liées à l’éducation telles que les uniformes, les livres et le transport. Les zones rurales manquent souvent d’infrastructures adéquates comme des écoles, des salles de classe et des installations sanitaires. Même lorsque des écoles existent, beaucoup souffrent de ressources insuffisantes et de mauvaises conditions. La pénurie d’enseignants qualifiés, en particulier dans les zones reculées, aggrave le problème.
La qualité de l’éducation est également affectée par une formation inadéquate des enseignants, des salaires bas et une faible motivation. Les barrières linguistiques entravent également l’apprentissage, en particulier pour les enfants marginalisés qui ne maîtrisent pas forcément la langue d’enseignement. Des facteurs sociaux et culturels, notamment la discrimination fondée sur le sexe, le mariage précoce et le travail des enfants, limitent l’accès à l’éducation pour de nombreux enfants, notamment pour les filles.
En Inde, filles et femmes restent une population particulièrement vulnérable. Les normes patriarcales perpétuent la discrimination entre les genres, restreignant l’accès à l’éducation et aux opportunités économiques pour les filles. Ces préjugés se traduisent souvent par des taux d’abandon scolaire plus élevés pour les filles, des mariages précoces et le confinement des femmes dans des rôles domestiques, limitant ainsi leur autonomie. Dans les zones reculées, les défis géographiques et l’insuffisance des infrastructures de transport restreignent encore davantage l’accès à l’école notamment pour les filles et creusent le fossé éducatif. Cette situation particulièrement complexe a encore été aggravée par la pandémie de COVID-19, avec une augmentation de la malnutrition et de la violence. Les fermetures d’écoles ont ainsi laissé des millions d’enfants vulnérables sans protection.
L’Inde fait face à un phénomène majeur de migration interne. Appelée « migration de détresse », elle est principalement due à la pauvreté, au chômage et s’accroît en raison des problèmes environnementaux. Selon le recensement de 2011, 37 % de la population indienne sont des migrants internes, qui quittent leurs villages pour trouver du travail, notamment dans le bâtiment, dans les grands centres urbains. Exploités, maltraités par des hommes sans vergogne, ils sont le plus souvent traités comme des esclaves. Leurs enfants sont le plus souvent privés d’école et mis dès le plus jeune âge au travail.
L’Inde se classe parmi les pays les plus touchés par les impacts du changement climatique, les cyclones et les inondations étant des catastrophes récurrentes, qui entraînent des pertes importantes en vies humaines, en moyens de subsistance et en infrastructures (German watch, 2021).
Les conflits internes en Inde créent de profonds défis sociétaux, économiques et de gouvernance. Ces conflits provoquent des crises humanitaires, qui touchent de manière disproportionnée les communautés marginalisées par la violence et les déplacements. Des perturbations économiques s’ensuivent, notamment des dommages aux infrastructures et une réduction des investissements. Les divisions sociales selon les critères ethniques, religieux ou de caste s’aggravent, entravant la cohésion. Pour résoudre ces problèmes, il faut une résolution globale des conflits, des efforts de consolidation de la paix et un développement inclusif, ainsi que la promotion de l’éducation à la paix pour la réconciliation communautaire.
Depuis 2014, la société civile en Inde est confrontée à des défis croissants en raison des changements juridiques et de la surveillance accrue du gouvernement.
Face aux multiples crises identifiées, Action Education développe des projets pour accompagner les populations les plus vulnérables vers une éducation de qualité, vecteur de résilience et d’adaptions, et clef indispensable pour connaître ses droits, les défendre et exercer sa citoyenneté.
Nos domaines d’intervention
Les principaux axes d’intervention d’Action Education en Asie du Sud :
- Accès et qualité de l’éducation
- Education à la santé
- Education à la vie (formation et insertion professionnelle)
- Education au développement durable, à la paix et à la citoyenneté mondiale
- Education de la petite enfance
- Education en situation d’urgence et de post urgence
- Education en situation de migration
Elle témoigne
Les confinements liés à la COVID-19 ayant encore creusé le fossé en matière d’accès à l’éducation numérique, Action Education a initié des applications d’apprentissage en ligne pour les enfants dont les parents pouvaient disposer de smartphones et, en parallèle, instauré des stratégies pour atteindre les enfants non équipés et laissés pour compte. L’une de ces innovations a été la mise en place de « learning hubs », dans les villages ruraux, par le biais du projet Sahakat gram.
« Lorsque le confinement a commencé, je ne savais pas combien de temps les enfants seraient privés d’éducation. Cela m’inquiétait qu’ils restent longtemps sans rien faire à la maison, car ils risquaient d’oublier ce qui leur avait été enseigné. C’est alors qu’Action Education a organisé une réunion et nous a informés de la création de centres d’apprentissage [learning hub centres]. Parallèlement, des zones d’éducation, uniquement dédiées à l’apprentissage des enfants, ont été mises en place dans nos maisons. Action Education a également distribué du matériel d’enseignement et d’apprentissage et nous a appris à enseigner à nos enfants. Je suis très heureuse qu’en dépit de la fermeture des écoles, l’apprentissage continu des enfants soit assuré. »
Kamla Devi, membre du comité des mères, Chirakhan, Indore, Etat du Madhya Pradesh.