Aide et Action et le Fonds L’Oréal pour les Femmes soutiennent l’éducation de 300 filles vulnérables au Sénégal

Crédit photo : Dramane Sessouma

Face aux inégalités existantes entre filles et garçons au Sénégal, Aide et Action et le Fonds L’Oréal pour les Femmes se sont engagées à soutenir 300 collégiennes vulnérables en risque de décrochage scolaire dans les régions de Kolda et de Fatick. Pendant deux ans, ces élèves seront accompagnées pour assurer leur maintien jusqu’en classe de 3ème. 

Développé par Aide et Action avec le soutien du Fonds L’Oréal pour les Femmes, le projet SCOLFILLES a démarré ses activités en janvier 2021 au Sénégal. Pendant deux ans, celui-ci va soutenir la scolarité, le maintien et la réussite de 300 filles issues du milieu rural et particulièrement vulnérables sur le plan scolaire, au sein de 5 collèges dans les régions de Kolda et de Fatick. L’objectif est qu’au moins 75% des jeunes filles soutenues atteignent le niveau de 3ème.

Des difficultés persistantes pour les filles

Dans les deux régions couvertes par le projet, on note la persistance des difficultés pour les filles dans la poursuite de leurs études. En effet, les faibles capacités financières des ménages face aux coûts directs et indirects de la scolarisation, les pesanteurs culturelles, l’insuffisance de modèles féminins de référence, les stéréotypes sexistes ou encore les pratiques discriminatoires courantes dans le domaine scolaire sont autant d’obstacles à leur scolarité. Tous ces freins ont un impact réel sur le parcours de jeunes filles puisqu’en 2019, seulement 22,6% d’entre elles parvenaient à la dernière année du collège à Kolda et 51,6% à Fatick, avec respectivement un taux de réussite au Brevet de fin des études moyennes de 55,5% et de 43,9%.

L’identification des jeunes filles particulièrement en risque de décrochage scolaire a été réalisée durant le mois de février, par les enseignants eux-mêmes. Dans chaque établissement, ils ont renseigné des fiches en se basant sur des informations telles que retards, absences, résultats d’apprentissage, participation en classe etc. L’analyse de ces données a permis de déterminer le nombre de filles à risque affectées par chacun des facteurs retenus ; celles-ci représentent 24,5% de l’effectif total des cinq collèges. 

Une vulnérabilité multidimensionnelle 

Les informations collectées nous ont également permis de mieux comprendre les difficultés auxquelles elles faisaient face. Parmi les filles accompagnées par le projet, 267 sont issues de familles très pauvres ne parvenant pas à assumer les coûts de la scolarisation ; 238 éprouvent des difficultés à réunir les fournitures scolaires nécessaires à la rentrée ; 197 n’ont pas accès à 3 repas par jours et 57 sont orphelines. Sur le plan socioculturel, 70% des filles sont issues de familles pour lesquelles la scolarisation des filles est mal perçue ; 61 d’entre elles sont pressenties pour un mariage et 14 autres n’ont pas de pièces de naissance. Sur le plan pédagogique, 105 filles (35%) ont de sérieuses difficultés d’apprentissage et ne parviennent pas atteindre les seuils de compétences fixées et 55 filles sont irrégulières en classe. Concernant la santé, 7 filles vivent avec un handicap, 35 filles souffrent de maladies chroniques et 23% (soit 70 filles) ne parviennent pas à se soigner lorsqu’elles sont malades ; 7 d’entre elles sont enceintes. Aussi, 51 filles se disent victimes de harcèlements, de maltraitance, d’injures, de stigmatisation ou de moqueries. 

Un défi actuel et majeur

Au regard de cette analyse et grâce au soutien du Fonds L’Oréal pour les Femmes, Aide et Action développe des activités permettant d’améliorer durablement la situation. Ainsi, les acteurs de changement tels que les leaders d’opinions, les élus locaux, les chefs de village, les guides religieux, ou les femmes modèles vont être sensibilisés à ces problématiques. Les enseignants vont être formés et accompagnés pour favoriser la participation, l’implication et la motivation des filles aux processus d’apprentissage. Les jeunes filles vont recevoir des cours d’éducation sur la Santé Sexuelle et Reproductive (SSR). Un soutien scolaire adapté va leur être proposé avec la distribution de tablettes numériques et la dotation de supports d’apprentissage à domicile. Enfin, un système de « marrainage » des filles va être mis en place afin de leur fournir des conseils et un accompagnement psychologique. 

« Le projet arrive à temps, estime un professeur du Collège d’Enseignement Moyen de Dialambéré. Le maintien des filles à l’école, notamment au collège, est un défi majeur. En vous adressant à elles, vous avez bien ciblé la catégorie vulnérable du système éducatif. Pour plusieurs raisons, nos filles quittent l’école prématurément et les dépenses effectuées jusque-là par les familles tombent à l’eau. » Et de conclure sur l’importance de l’implication des hommes : « Il est important de travailler avec les parents hommes, car ce sont eux qui donnent leurs filles en mariage. »

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