Autonomisation des jeunes et des femmes dans le nord du Togo

Crédits photo : Action Education Afrique

Le projet « Savanes Motaog », initié par Action Education et Plan International en novembre 2020, accompagne les jeunes et les femmes dans la partie nord du Togo, région pauvre très exposée aux risques sécuritaires.

La région des Savanes se situe au nord du pays et représente 15% du territoire national. Avec une incidence de pauvreté de 65,1% (contre 45,5% au niveau national), c’est la partie la moins développée du Togo. La vie économique est principalement dominée par l’agriculture vivrière (sorgho, mil…) et le petit élevage.

La pauvreté et l’exclusion ainsi que la proximité des réseaux islamistes du Burkina Faso poussent certains jeunes à faire le choix de l’extrémisme. En effet, les principales motivations des jeunes pour intégrer les groupes islamistes radicaux sont souvent d’ordre socio-économique (source de revenu, opportunité de s’affirmer, se sentir utile…). Suite aux attaques terroristes qui ont frappé le nord du pays, les autorités togolaises ont décrété l’ état d’urgence sécuritaire dans la région des Savanes le 13 juin 2022. L’exécutif togolais prépare un programme d’urgence pour la région des Savanes avec la réalisation de plusieurs projets à l’horizon 2025, dans les secteurs de l’eau, l’énergie, la santé, l’infrastructure, l’éducation et l’agriculture.

Renforcer la cohésion sociale

Le projet « Savanes Motaog », qui signifie littéralement « vivre ensemble dans les Savanes », a été lancé en novembre 2020, pour une durée de 4 ans. Action Education et Plan International s’appuient notamment sur deux partenaires locaux, l’ONG Femme, Droit, Développement en Afrique (WILDAF-Togo) et le Collectif des associations contre l’impunité au Togo (CACIT). Il vise les 7 préfectures de la région des Savanes qui compte 16 communes et 69 cantons.

L’objectif global du projet est de renforcer la cohésion sociale dans la région des savanes. Le public du projet se compose de 6 200 jeunes sans qualification professionnelle âgés de 15 à 35 ans, de 9 000 femmes de plus de 35 ans ayant des faibles revenus, ainsi que de différentes organisations de la société civile et de 15 médias. Directement et indirectement, le projet est prévu pour toucher 512 000 personnes, soit 61% de la population des Savanes.

Le projet vise à renforcer la cohésion sociale dans la région des Savanes par la promotion des droits politiques et économiques des jeunes et des femmes, le renforcement de la société civile et des capacités des institutions de l’Etat au niveau local.

Des initiatives de microfinance via des groupes d’épargne

A la date du 5 juillet 2022, 250 groupes d’épargnes ont été créés, comprenant 5 394 membres dont 4 747 femmes.

Nanwapo Tchantague, âgée de 26 ans et membre d’un groupe d’épargne de Nanergou, témoigne : « J’ai intégré le groupe sans trop de conviction car ici chez nous les projets très souvent ne sont pas sérieux. J’ai pu bénéficier d’un prêt de 60 000 FCFA pour réactiver un ancien commerce de pagne que j’avais abandonné faute de moyens. J’ai remboursé tout le prêt avec les intérêts et j’envisage maintenant un montant plus conséquent pour développer mon commerce. Grace à cette opportunité, je ne me sens plus trop dépendante de mon mari qui réside au Burkina Faso. Je ne manque plus d’argent pour m’occuper de mes deux enfants. J’ai même souhaité devenir volontaire locale afin d’encourager et motiver les jeunes de notre localité à adhérer au projet, pour qu’on évolue ensemble. J’espère qu’on y parviendra, je serais très heureuse et fière d’avoir contribué au développement des membres de ma communauté ».

De nombreuses autres actions ont été entreprises, telles que :

  • L’identification des jeunes potentiellement vulnérables à l’extrémisme violent ;
  • La formation à la gouvernance locale et la sécurité des autorités locales des trois préfectures les plus exposés à l’extrémisme ;
  • Le démarrage du processus du plaidoyer auprès du ministère de l’économie et des finances et du ministère de l’éducation ;
  • La formation des médiateurs des sept préfectures sur les techniques de médiation ;
  • La formation des Organisations de la Société Civile locales sur les thématiques de genre, de cohésion sociale, de prévention des conflits et de collaboration avec les autorités locales ; etc.

Impliquer davantage les femmes et les jeunes

Gnandja Kpongou, conseiller municipal de Kpendal, déclare suite à sa participation à un atelier de renforcement des capacités des autorités locales sur la gouvernance locale et la sécurité : « C’est un atelier très pratique, il nous a permis de toucher du doigt le lien qui existe entre la gouvernance locale, la sécurité en général, et l’extrémisme violent en particulier. On saura désormais mieux s’y prendre dans notre façon de gouverner, en impliquant davantage les jeunes et les femmes, surtout dans la prise des décisions les concernant ».

Les acquis du projet concernent également la formation de 15 médias sur les techniques de prévention et de gestion des conflits, le développement de contenu destinés à promouvoir la cohésion sociale et la paix ainsi que sur les messages à véhiculer en lien avec les besoins et défis des communautés.

Jean Kantchéki, rédacteur en chef à la radio des Savanes, déclare : « Le projet Savanes Motaog m’a permis de suivre avec beaucoup d’intérêt la formation sur la prévention de l’extrémisme violent, la gestion des conflits communautaires et la consolidation de la cohésion sociale. En tant que journaliste, aujourd’hui, j’arrive à concevoir des spots et magazines avec des messages clés. De nombreux auditeurs appellent pour témoigner que leurs mentalités et leurs comportements ont positivement évolué grâce à ces productions ».

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