Burkina Faso : plus de 1 300 écoles fermées du fait de l’insécurité

Aujourd’hui, au Burkina Faso, la scolarisation de milliers d’enfants est menacée par la hausse de l’insécurité. Aide et Action, qui intervient depuis 2001 dans le pays, s’inquiète de la fermeture de plus de 1 300 écoles et l’impact de cette situation sur l’avenir de la jeunesse burkinabé.

Depuis 2015, le terrorisme gagne du terrain au Burkina Faso. Le  2 octobre 2019, la ministre de la Femme, de la Solidarité nationale, de la Famille et de l’Action humanitaire, Hélène Marie Laurence Ilboudo, a annoncé que 486 360 personnes ont été déplacées par des attaques terroristes. Si cette tendance se poursuit, ce nombre pourrait atteindre 650 000 personnes d’ici à décembre 2019. Parmi ces habitants contraints d’abandonner leurs villages et biens, figurent de nombreux élèves.

En effet, le secteur de l’éducation burkinabé est durement touché par la crise sécuritaire dans le pays. 48 écoles primaires et 14 établissements post-primaires et secondaires réquisitionnés pour accueillir temporairement des personnes déplacées. Pire encore, le nombre d’établissements fermés ou incendiés augmente de façon inquiétante. À la mi-octobre 2019, les autorités éducatives du Burkina Faso ont ainsi enregistré 1 305 écoles fermées dans 7 régions sur les 13 que compte le pays. Les écoles publiques sont les plus touchées (1 211 écoles primaires fermées représentant 92% des fermetures) et tous les niveaux d’enseignement sont concernés : préscolaire, primaire, post-primaire et secondaire. 

« La psychose a gagné les enseignants et les parents d’élèves »

 

Selon Kafao Zoungrana, responsable des statistiques scolaires à la Direction provinciale de l’éducation nationale, de l’alphabétisation et de la promotion des langues nationales de la province de la Gnagna, région Est : « La rentrée scolaire 2019 -2020 s’est bien passée. Toutes les écoles de la province étaient ouvertes, mais à partir de l’attaque de la gendarmerie de la commune de Ligtougou, mi-octobre, la psychose a gagné les enseignants et les parents d’élèves. Pire, les terroristes ont affiché, la nuit, dans les écoles des messages intimant l’ordre d’arrêter toute activité pédagogique. Ce qui a entraîné la fermeture des écoles de la commune. Ce sont des fermetures préventives. Les autorités sécuritaires promettent leur ouverture mais uniquement quand les conditions seront réunies. »

Pour Dieudonné Guiatin, enseignant dans l’école primaire publique de Kolonkomi, commune de Bilanga : « La situation est inquiétante. Nous poursuivons les activités mais nous sommes très inquiets. Personne n’est à l’abri. »

La fermeture des écoles compromet la poursuite de la scolarité de 169 139 élèves, dont 79 228 filles, en primaire ; 33 383 élèves, dont 14 714 filles, en post-primaire et au secondaire ; 72 enfants, dont 34 filles, en préscolaire. Parmi eux, 17 705 élèves, dont 7986 filles, ont eu la chance d’être accueillis dans des établissements hôtes. Ces déplacements d’élèves posent le problème de leur hébergement et le risque, surtout pour les filles, de se retrouver exposés à d’autres dangers. 

L’insécurité concerne 6 313 enseignants, dont 2 116 femmes (2 en préscolaire ; 5 501 en primaire et 773 en post-primaire et en secondaire). Certains enseignants sont au chômage technique  depuis plus de deux années scolaires. À la rentrée d’octobre 2019, le Ministère de l’éducation nationale, de l’alphabétisation et de la promotion des langues nationales a initié une opération de redéploiement et  la majorité de ces enseignants a été mutée dans d’autres zones.

« Il faudra des années pour remonter la pente »

 

Madame Kindo était en poste dans la province du Soum, région du Sahel. Depuis deux années scolaires, elle a rejoint son conjoint à Ouagadougou suite à la destruction de son école par les terroristes. « Nous avons reçu des menaces de mort à l’école. Nous avons découvert l’affiche le matin à l’école et la nuit suivante l’école a été incendiée, tout est parti en fumée. Nous avons quitté nos postes pour rejoindre nos familles en attendant d’autres affectations ou une sécurisation et réhabilitation de l’école. Mais hélas, le terrorisme gagne du terrain. Je viens d’être affectée au Centre Est, à la frontière avec le Togo. Je prie pour ma sécurité

Pour M. Ferdinand Somé, enseignant dans la région du Nord, « la situation est dramatique. Notre système éducatif a pris un coup terrible et il faudra des années pour remonter la pente. Nous avons fui notre école pour échapper à la mort. »

En effet, malgré les opérations de sécurisation des forces de défense, les terroristes opèrent et poursuivent leurs actions de destruction des écoles. Pour Aide et Action qui intervient au Burkina Faso depuis 2001, et bien que nos zones d’intervention ne soient pas directement impactées par la la crise sécuritaire, cette situation est extrêmement inquiétante. À travers les 5 projets que nous menons actuellement dans le pays, nous tentons de défendre le droit à l’éducation pour tous et d’accompagner les populations les plus vulnérables.

Crédit photo : Isabelle Merny

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