Cambodge : investir dans l’entrepreneuriat des femmes

Au Cambodge, Aide et Action soutient l’entrepreneuriat des femmes en leur proposant des formations et du matériel. Cela permet à des femmes marginalisées de tester de nouvelles idées commerciales, d’augmenter leurs revenus et de construire une société plus équitable. 

Dans la province rurale de Kampong Thom, au nord-ouest du Cambodge, Sin Koeun, 51 ans, ouvrière agricole, est devenue l’unique soutien de sa famille de trois personnes à charge après la mort inattendue de son mari en 2020.

Avant son décès, Koeun et son mari travaillaient ensemble dans une exploitation de noix de cajou et de manioc, gagnant environ 12 dollars par jour, ce qui, dans le meilleur des cas, leur permettait de garder leur fille et leur petit-fils à l’école. Lorsque la pandémie de Covid-19 a frappé le Cambodge en mars 2020, Koeun s’est trouvée confrontée non seulement à la perte soudaine de son mari, mais aussi à une importante perte de revenus et à une détérioration de sa propre santé.

« C’était une période très difficile pour moi », explique Koeun. « Mes revenus ne permettaient pas d’équilibrer nos dépenses quotidiennes, d’autant plus que j’étais moi aussi tombée malade. »

Afin de subvenir aux besoins de la famille, son fils a franchi illégalement la frontière thaïlandaise à la recherche d’un emploi. Bien qu’il puisse parfois envoyer de l’argent pour soutenir sa mère, son travail est précaire et ses revenus fluctuent en fonction des vagues de Covid-19. Le fils de Koeun a abandonné l’école en deuxième année et, sans éducation, ses possibilités de travail sont limitées. 

Renforcer la résilience 

Actuellement, la fille de Koeun est au collège et son petit-fils à l’école primaire ; malgré ses maigres revenus, elle ne souhaite pas sacrifier leur éducation. Pour aider les femmes comme Koeun à garder leurs enfants à l’école, Aide et Action, grâce à un financement de l’Union européenne, a promu et renforcé les capacités des petites entreprises dirigées par des femmes afin que celles-ci puissent augmenter leurs revenus. A ce jour, nous avons soutenu plus de 180 communautés dans la province de Koen ainsi qu’à Kandal, Pursat et dans d’autres provinces du Cambodge. 

Dans le cadre de notre projet Holistic Educational Strategies for Pro-Poor Community Development, Sin Koeun a été initiée à l’aviculture. En juin 2021, elle a reçu 10 poulets ainsi que les fournitures nécessaires, comme de la nourriture pour volailles et un poulailler, et une formation avec des experts du ministère de l’agriculture sur la façon d’élever les poulets. Depuis, elle a développé une petite entreprise qui, espère-t-elle, fournira un meilleur revenu à sa famille. « J’ai reçu 10 poulets en juin, et maintenant cela a augmenté à 15 poulets. Je travaille toujours dans les champs et j’attends encore un peu pour pouvoir élever d’autres poussins. J’ai bon espoir de pouvoir les vendre à un très bon prix », déclare Koeun.

Lutter contre les inégalités

Au Cambodge, le travail des femmes n’est souvent pas aussi valorisé que celui des hommes sur le marché du travail et, selon une étude du PNUD, les femmes travaillant dans le secteur informel ont été plus touchées par le chômage (22 %) que les hommes (13 %) pendant la pandémie. 

Comprendre les obstacles que rencontrent les femmes pour accéder à des opportunités d’emploi équitables et les soutenir a été l’un des axes de travail d’Aide et Action pendant la pandémie. L’activité avicole a été un tournant pour Koeun et sa famille. Maintenant que son entreprise se développe, Koeun espère pouvoir se consacrer pleinement à l’élevage et réduire les heures qu’elle passe à travailler dans les champs de noix de cajou et de manioc. « J’espère que l’activité avicole va progressivement se développer. Si tout va bien, je me lancerai aussi dans l’élevage de porcs. J’arrêterai de travailler dans les champs car c’est vraiment épuisant à mon âge. Je consacrerai tout mon temps aux poulets et aux porcs à la place », a-t-elle déclaré. 

Elle s’efforce également de maintenir sa fille et son petit-fils à l’école afin qu’ils puissent avoir d’autres options que le travail agricole précaire lorsqu’ils seront adultes.  Bien que les enfants aient aidé à élever le bétail pendant les fermetures d’école, elle était impatiente de les renvoyer à l’école. « Quand les écoles rouvriront, je renverrai ma fille et mon petit-fils à l’école. Je voudrais que ma fille devienne médecin. »

Alors que nous célébrons la Journée internationale de la femme, le 8 mars 2022, nous continuons à soutenir les ménages dirigés par des femmes, comme celui de Koeun, afin de leur permettre d’acquérir de meilleurs moyens de subsistance et d’aider les enfants, en particulier les filles, qui risquent d’abandonner l’école.

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