Au Mali, la question de la couverture des besoins scolaires pose un sérieux problème. Pour les enfants de 3 à 6 ans, le taux national de pré-scolarisation atteint à peine les 5%. Concrètement, cela signifie que seulement 1 enfant sur 20 va à l’école avant l’âge de 6 ans.
La stratégie d’Aide et Action pour résoudre ce problème est la suivante : « Si les enfants ne vont pas à l’école, c’est l’école qui vient aux enfants ». Qu’est-ce que cela veut dire ? Tout simplement que ce sont les familles elles-mêmes qui assurent la scolarisation de leurs enfants.
La situation de base, certes alarmante, n’est pas tant due à la pauvreté des parents qu’à un manque de mobilisation des acteurs communautaires, suite à la politique de décentralisation de l’éducation menée dans le pays. Les communes maliennes, désormais en charge de l’éducation préscolaire et primaire, donnent trop largement la priorité au primaire. Aide et Action propose donc de transférer les responsabilités éducatives aux parents eux-mêmes.
Démarré en 2013 à Bamako, dans la banlieue de Sénou, le projet « Amélioration de la prise en charge de la petite enfance en milieu familial » (POUPÉE) fait désormais partie du paysage préscolaire dans cette zone, et porte ses fruits tout en permettant à la communauté de se prendre en charge.
« Les enfants, malgré la pauvreté de leurs parents, apprennent à la maison ce que les enfants des familles aisées apprennent dans les structures d’encadrement préscolaire, remarque Mamadou Coulibaly, tuteur dans le cadre du projet. Avec ce projet, on montre que la pauvreté ne doit pas être un facteur de blocage à l’éducation des enfants. »
Les résultats sont bien tangibles : près de 200 enfants sont désormais encadrés dans leurs villages, alors qu’une quarantaine de volontaires ont suivi une formation spécialisée, assurée par des professionnels de l’éducation, pour devenir leurs tuteurs.
Ces éducateurs assurent, à raison de trois heures par jour, des activités pour les jeunes élèves centrées sur le bon développement de l’enfant et ses capacités d’apprentissage.
« L’approche du projet colle bien avec les réalités, ce qui est très important pour sa pérennisation, estime Diakaridia Traoré, conseiller municipal. L’éducation parentale me paraît très importante ; ce projet vient combler un vide laissé à la fois par le manque total d’infrastructures préscolaires et le peu de moyens économiques dans le quartier. »
Soutenu par la Fondation Medicor, le projet POUPÉE est pensé à long terme, se donnant pour objectif de contribuer à améliorer le taux national de préscolarisation au Mali, et donc celui de l’accès au primaire. C’est avant tout par l’implication et la sensibilisation des communautés que cet objectif sera atteint. Pour Aide et Action, la communauté doit toujours être au cœur des projets.