Changements climatiques : une hausse attendue du travail forcé et de la traite humaine

Crédit photo: Chandra Kiran

L’Institut International pour l’Environnement et le Développement (IIED) en partenariat avec Aide et Action publie un nouveau rapport pour mettre en évidence l’impact dramatique et pourtant encore peu reconnu des changements climatiques sur les déplacements de populations et le trafic d’êtres humains. 

La multiplication des catastrophes naturelles, la hausse de l’insécurité alimentaire et la baisse du pouvoir d’achat, provoqués par le changement climatique, affectent plus durement et plus brutalement les populations vulnérables. Ces familles, dont la survie dépend principalement des ressources naturelles, n’ont alors d’autres choix que d’adopter des stratégies de survie, de limiter, voire de supprimer, les dépenses jugées non vitales comme l’éducation ou la santé et de quitter, en dernier lieu, leurs villages d’origine dans l’espoir de trouver une vie meilleure. Mais ces déplacements forcés exposent les populations à de terribles dangers et exacerbent leur vulnérabilité au trafic et aux pires violations des droits humains

Le changement climatique, facteur de traite humaine

Ces violations (exploitation, travail forcé, et traite humaine) empireront avec l’aggravation attendue du changement climatique. Pourtant, personne aujourd’hui, ni les organisations internationales ni les hommes politiques, ne semblent reconnaître ce danger, ni prendre les mesures adéquates pour y faire face. Dans ce contexte, le rapport « Climate change, migration and vulnerability to trafficking » publié par l’Institut International pour l’Environnement et le Développement (IIED) et Aide et Action se veut la première preuve empirique et concrète du lien entre changement climatique, trafic d’êtres humains et esclavagisme. L’étude quantitative et qualitative analyse en effet les comportements et les habitudes de 420 ménages défavorisés issus de deux régions : le district de Kendrapara (Odisha), à la base riche, prospère, à la population majoritairement lettrée mais en proie à de nombreux catastrophes naturelles, et le district de Palamu (Jharkhand), sous-développé et davantage exposé à des phénomènes climatiques lents. Dans les deux régions, les conclusions sont sans appel : les conséquences lentes et brutales du changement climatique (augmentation des catastrophes naturelles, érosion des sols, diminution des ressources naturelles, insécurité alimentaire et famine, diminution des ressources en eau…) ont privé les populations les plus vulnérables de conditions de vie acceptables et de ressources minimales. Privés de couvertures sociales susceptibles d’atténuer le choc économique et social, les familles les plus vulnérables sont forcées de se déplacer et sont massivement victimes de trafic humain. Le changement climatique est donc bien le nouveau moteur des migrations et de la traite humaine, conclut le rapport. 

Climat et trafic d’êtres humains : une priorité des Nations Unies

« Je suis ravie de la production de ce rapport, car l’augmentation des risques et trafics en lien avec le changement climatique est aujourd’hui la priorité de mon mandat. », a expliqué Siobhán Mullally, Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur la traite des êtres humains notamment des femmes et des enfants « Les deux exemples analysés dans cette étude, l’une dans une région en proie à des catastrophes climatiques, l’autre exposée à des phénomènes plus lents et moins visibles, montrent de manière empirique et concrète les impacts du changement climatique sur les populations les plus vulnérables. Ils montrent notamment à quel point, ils exacerbent leur vulnérabilité au trafic d’être humains. Les femmes notamment, du fait des inégalités de genre et du manque d’accès aux ressources, sont plus exposées. »  

Des recommandations pour éviter les migrations de détresse

Le rapport encourage la communauté internationale à reconnaître l’impact du changement climatique sur les déplacements forcés et le phénomène des migrations de détresse, souligne la nécessité d’une approche coordonnée et inclusive face à cette nouvelle menace et demande, face à l’urgence climatique, la mise en place de mesures préventives pour déplacer et réinstaller les populations avant même toute crise.  

Pour inciter les gouvernements à agir, le rapport propose également :

  • Le développement d’une protection sociale universelle qui améliorera la résilience climatique des populations vulnérables
  • L’enregistrement et le suivi des populations migrantes dans le cadre de leurs déplacements
  • Le développement de formations socio-professionnelles pour améliorer les revenus des plus vulnérables, notamment des femmes  

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