Non-scolarisation des enfants : un coût non négligeable pour le monde

On répète à l’envi que l’éducation n’a pas de prix, on peut désormais affirmer que la non-scolarisation a un coût, très loin d’être négligeable pour le monde, comme le révèle l’un des récents rapports de l’UNESCO. 10 000 milliards de dollars par an : c’est ce que coûte à l’économie mondiale l’insuffisance des compétences de base des enfants. 

Un chiffre astronomique qui remet en lumière l’impérieuse nécessité pour les gouvernements d’investir massivement et urgemment dans l’accès à une éducation de qualité, sous peine sinon de payer le prix fort. 

 

Des millions d’enfants privés d’éducation de qualité en 2025

 

Si l’accès à une éducation de qualité est un droit fondamental inscrit dans la Déclaration des Droits Humains et du Citoyen, force est de constater que sa violation est encore fréquente. A date, 250 millions d’enfants dans le monde, soit 122 millions de filles et 128 millions de garçons, sont encore privés d’éducation, un chiffre en hausse depuis plusieurs années notamment en raison des crises multisectorielles et des conflits qui ne cessent de se multiplier. Pour celles et ceux ayant l’opportunité d’aller à l’école, les lacunes éducatives sont aujourd’hui flagrantes. A l’heure actuelle, 7 enfants sur 10 ne maîtrisent pas les compétences de base dans les pays à revenu faibles et intermédiaires, même après plusieurs années passées sur les bancs de l’école. Même dans les pays à revenu élevé, un quart des enfants ont des compétences de base insuffisantes. Les déficits de compétences concernent 94 % des enfants en Afrique subsaharienne, 88 % en Asie du Sud et de l’Ouest, 74 % dans les États arabes et 64 % en Amérique latine et dans les Caraïbes. Rien de très surprenant : apprendre dans des classes surchargées, sans matériel adéquat, sans les infrastructures essentielles, avec pour tout appui le soutien d’un corps enseignant peu ou pas formé ni qualifié, relève d’un véritable défi. 

 

L’inaction dans l’éducation : un coût exorbitant pour la société 

 

Les équipes d’Action Education, mobilisées dans 16 pays pour accompagner des milliers d’enfants et d’adolescents sur le chemin de l’éducation, font malheureusement chaque jour le constat des effets violents de la non-scolarisation. Un enfant privé d’éducation est un enfant exposé de plein fouet à la pauvreté, au travail des enfants, aux violences, à la corruption, à la délinquance, aux problèmes de santé et aux conséquences de la crise climatique. La déscolarisation affecte en particulier les filles, qui subissent dès la naissance, de multiples discriminations et violences. Une jeune fille privée d’éducation est reléguée aux tâches ménagères, exposées aux mariages forcés, aux grossesses précoces et à la dépendance. 

 

Au-delà de cet amer constat, le manque d’éducation représente un coût économique et social qui est loin d’être négligeable, comme le soulignent les experts de l’UNESCO dans un rapport* publié en juin 2024. Le rapport révèle que d’ici 2030, les coûts de l’abandon scolaire précoce et de l’incapacité des enfants à acquérir les compétences de base seront colossaux et représenteront des pertes équivalant à plusieurs milliers de milliards de dollars pour les économies du monde entier. D’ici 2030, les coûts sociaux annuels de l’abandon scolaire précoce atteindront 6 000 milliards de dollars. 

Le rapport estime également que le coût mondial des lacunes éducatives atteindra 10 000 milliards de dollars par an à horizon 2030, soit un chiffre supérieur au PIB de la France et du Japon réunis.

Ces chiffres rappellent l’impérieuse nécessité pour les États d’investir massivement dans l’éducation, d’autant que la liste des bienfaits découlant d’un accès à une éducation de qualité pour toutes et tous n’est aujourd’hui plus à démontrer, tant en termes de santé, de nutrition, de respect des droits et du bien-être des enfants qu’en termes de lutte contre les inégalités et de vecteur d’émancipation des filles et des femmes. 

Pour rappel : 

  • La scolarisation de tous les enfants permettrait d’augmenter le PIB mondial futur de plus de 6 500 milliards de dollars par an, tout en éliminant les coûts sociaux liés à l’échec de la réalisation de l’ODD 4 
  • Une réduction de 10 % des taux d’abandon scolaire précoce et d’insuffisance des compétences de base des enfants augmente la croissance annuelle du PIB de 1 à 2% 
  • Réduire le nombre d’abandons scolaires et le taux d’insuffisance des compétences de base d’un point de pourcentage représenterait respectivement une hausse mondiale du revenu du travail de 470 000 milliards de dollars et de plus de 650 000 milliards de dollars. (source UNESCO 2024)

 

Une solution : investir dans une éducation de qualité

 

Suite à la pandémie de COVID-19 et aux multiples crises multisectorielles qui n’ont cessé de se multiplier partout dans le monde, la quasi-totalité des États ont réduit, parfois massivement, les budgets alloués à l’éducation. Face à ces constats, Action Education ne peut que tirer la sonnette d’alarme et rappeler aux États leurs devoirs et obligations en matière d’éducation pour tous. 

Nous appelons donc les États à : 

  • Garantir à toutes et tous une éducation gratuite et de qualité, d’au minimum 12 années comme stipulé dans l’Objectif de développement n°4 adopté en 2015 aux Nations Unies
  • Dédier à l’éducation  20% des dépenses publiques, en veillant à la justice fiscale pour augmenter les ressources domestiques
  • Améliorer les infrastructures scolaires  et créer des environnements d’apprentissages inclusifs, sûrs et sains
  • Renforcer la formation initiale et continue des enseignants 

 

Action Education appelle également les pays donateurs, dont la France, à respecter leur engagement d’allouer 0.7% de leur PIB de l’aide publique au développement et de dédier 10% de ses financements bilatéraux à l’éducation. La France, à ce jour, est loin de le faire. En effet, après une hausse notable, la France n’a alloué en 2023 que 0,5% de son PIB (contre 0,46% en 2022) à l’aide au développement et a d’ores et déjà annoncé une volonté de couper massivement cette aide en 2025. En tout état de cause et malgré une volonté affichée de faire de l’éducation une priorité de la politique française de coopération internationale, celle-ci n’a représenté que 4,7% des financements bilatéraux accordés par la France à la solidarité internationale en 2022 (Chiffres Coalition Education 2025).

 

* «  Le prix de l’inaction : les coûts privés, fiscaux et sociaux à l’échelle mondiale des enfants et des jeunes qui n’apprennent pas »

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