Guinée : des femmes qui entreprennent et bousculent les inégalités

Majoritaires en Guinée, les femmes constituent la frange la plus importante de la population en âge de travailler (15-34 ans). Pourtant, leur taux d’emploi est bien plus faible que celui des hommes : il est de 42 % pour les femmes contre environ 64 % pour les hommes. Les disparités se creusent encore davantage en milieu rural et périurbain… Malgré tout, de nombreuses jeunes Guinéennes sont sur la voie de l’autonomisation économique. Parmi elles, des jeunes femmes qui lancent leurs propres entreprises et relèvent les difficultés inhérentes au monde du travail. À travers une initiative d’ampleur, des organisations de la société civile et des ONG (dont Solidarité Laïque et Action Education) proposent des solutions innovantes en créant un environnement favorable à la réalisation du plein potentiel de ces jeunes femmes.

 

Les défis de l’auto-entrepreneuriat : le témoignage de Hanna 

 

Diplômée en biologie, géologie et chimie, Hanna a lancé sa propre activité :  la jeune femme  produit et commercialise du jus de baobab. Considéré comme un “super-aliment”, le fruit du baobab – appelé aussi “pain de singe” – cumule les vertus : plus riche en calcium que le lait, plus vitaminé que l’orange, riche en magnésium et en antioxydant. Au travers de son entreprise, Hanna veut aider la population à faire face à certaines problématiques sanitaires. 

Mais en tant que femme, elle doit composer avec de nombreuses difficultés

En tant que femmes entrepreneures, nous sommes confrontées à de nombreux défis : le jugement des gens par exemple, les difficultés pour les familles à accepter que l’on devienne indépendantes, et le milieu dans lequel nous vivons ne nous soutient pas beaucoup ”, confie la jeune femme. 

Hanna 2

© Action Education

 

Avec l’appui d’Action Education, Hanna a suivi une formation à l’entrepreneuriat : elle a été accompagnée dans la création et la gestion de son entreprise (plan marketing, étude de marché, relation client, etc.) et a pu se rapprocher d’autres productrices et producteurs, qui l’ont aidée à améliorer son produit. Aujourd’hui, la jeune Guinéenne a des projets plein la tête : “J’aimerais agrandir mon entreprise pour créer beaucoup plus d’emplois et surtout, devenir un modèle pour les jeunes femmes qui seraient réticentes à l’idée de se lancer dans l’entrepreneuriat., confie-t-elle. 

 

Consciente des défis liés aux inégalités de genre, Hanna a un message à transmettre aux autres femmes pour les aider : 

 

“Je dirais à toute femme qui souhaite lancer sa propre entreprise de ne surtout pas hésiter. Il existe des dispositifs et des formations pour vous accompagner. D’autres femmes, comme moi, peuvent aussi vous aider. ” 

 

Des inégalités de genre persistantes

 

Depuis son indépendance en 1958, la République de Guinée s’engage dans des actions en faveur de l’égalité des genres et intensifie les investissements en faveur de l’éducation des filles et de la formation des femmes. Mais analysés sous le prisme du genre, les indicateurs de développement témoignent de disparités persistantes. Accentuées en milieu rural, les inégalités de genre concernent l’accès à l’emploi, à l’éducation mais aussi à la santé. Parmi les obstacles les plus évidents à l’égalité de genre : la non-scolarisation des filles, souvent mariées très jeunes et/ou reléguées à un rôle domestique, et ses conséquences sur leur vie en tant que femme (dépendance économique et financière). Un chiffre alarmant illustre ces inégalités : seules  22 % de femmes savent lire et écrire*, contre 44 % des hommes** (chez les 15 ans et plus). 

 

Pourquoi les Guinéennes accèdent moins facilement à l’emploi 

  • Manque d’accès aux ressources : les femmes font face à des discriminations dans l’accès et la propriété d’actifs productifs et de finances, ce qui limite leur capacité à entreprendre. ​
  • Difficultés d’accès aux postes à responsabilités et de décisions, notamment au sein de l’administration publique (environ 30 % de femmes). 
  • Marché du travail saturé : Dans certaines régions, comme Mamou, le nombre élevé de femmes formées dans des domaines similaires, tels que la couture et la coiffure, conduit à une saturation du marché, limitant les opportunités d’emploi. ​
  • Manque de préparation à l’emploi : les inégalités de genre entravent voire empêchent les filles et les femmes d’accéder à une éducation de qualité 
  • Problématiques liées à la santé : conséquences de l’excision sur les filles, les adolescentes et les mères (la Guinée est l’un des pays où l’excision est la plus pratiquée au monde). 

 

Accès à l’emploi : les chiffres clés des inégalités 

 

Les activités professionnelles exercées par les Guinéennes 

Pie chart Guinee

22 % des femmes se consacrent à une activité professionnelle autre que le commerce, les services aux particuliers et l’agriculture. Ces activités comprennent : artisanat, transformation de produits agroalimentaires, couture, coiffure, esthétique, aide à domicile (employées de maison). 

 

En Guinée, le secteur informel représente plus de 90 % des emplois dans le pays, et les femmes sont particulièrement concernées.Exercées sans contrat de travail ni protection sociale, les activités informelles jouent malgré tout un rôle important dans l’économie locale et dans l’autonomisation des femmes.

 

Inégalités de genre face à l’emploi : les chiffres

 

  • Taux d’analphabétisme : 75 % chez les femmes (concerne principalement les femmes en milieu rural) contre 68 % pour l’ensemble de la population
  • Taux d’emploi : environ 42 % pour les femmes vs. 64 % pour les hommes
  • Sous-emploi invisible* : près de 12 % des femmes sont concernées contre 6,5 % pour les hommes 
  • Agriculture : moins de 15 % des terres agricoles appartiennent à des femmes 

 

Bien que les femmes représentent une part importante de la main-d’œuvre agricole, elles rencontrent des obstacles significatifs pour accéder à la propriété foncière. Les inégalités de genre limitent leur capacité à posséder ou à hériter de terres.​

 

*Sous-emploi invisible : des revenus horaires inférieurs au minimum légal

 

Quand les ONG et organisations de la société civile se mobilisent

 

Pour contribuer à l’autonomisation des jeunes – notamment des jeunes femmes – en Afrique de l’ouest (Guinée, Sénégal, Bénin…), Action Education et ses partenaires ont lancé une initiative de grande ampleur avec des organisations de la société civile d’Afrique Subsaharienne : le programme Compétences pour demain. Démarré en 2020, ce projet intègre une approche holistique et intégrée, afin de donner aux jeunes les ressources et les compétences nécessaires pour entreprendre dans leur environnement. 

Objectif : contribuer  à l’autonomisation des jeunes des zones périphériques des grandes villes. Le public accompagné : des jeunes, en particulier des jeunes femmes de 16 à 35 ans qui proviennent de milieux sociaux et de milieux d’instruction différents, qui mènent une activité économique dans le secteur informel, jeunes dans le système éducatif ou jeunes diplômé.es, jeunes entrepreneur.euses, jeunes éloigné.es du système éducatif, etc. 

Le programme s’appuie essentiellement sur un Laboratoire d’Innovation Sociale (LABIS) doté de matériel numérique basé à Conakry, capitale de la Guinée. C’est un espace de rencontre, de socialisation, d’échanges et de créativité qui permet de faire émerger des initiatives individuelles et collectives pour l’emploi et des propositions pour le développement du territoire à travers des actions citoyennes. 

 

Depuis 2022, plus de 3000 jeunes filles et garçons ont bénéficié de l’accompagnement du Labis de Conakry à travers plusieurs actions de renforcement de leurs compétences. Parmi ces actions figurent des formations sur : 

 

  • la citoyenneté, le volontariat, les Violences Basée sur le Genre, 
  • le métier de l’infographie 
  • l’entreprenariat, 
  • les logiciels de base en informatique, 
  • l’audiovisuel, 
  • la collecte et la gestion des déchets plastiques.  
  • La communication numérique 

 

Sources : PNUD Guinée, UNFPA Guinée,  ONU Femmes, Le Monde, BBC, Groupe de la Banque Mondiale, IFAD

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