A l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes ( 8 mars), Aide et Action donne la parole à trois jeunes mères précocement dé-scolarisées. A Madagascar, elles reviennent sur la formation socio-professionnelle qu’elles suivent avec Aide et Action. Une opportunité unique pour elles de tourner la page, de trouver un emploi et de s’insérer dans une société qui, pour l’heure, les rejette en raison de leur grossesse précoce.
A Madagascar, un tiers des jeunes filles entre 15 et 19 ans ont un enfant et se retrouvent exclues du reste de la société, stigmatisées et sans emploi. « Avant de découvrir le projet mené par Aide et Action, je n’avais aucun revenu. Je cherchais juste à gagner de quoi nous nourrir, mon enfant et moi. Je n’ai pas une vie comme celle des autres, car le père de mon enfant nous a abandonnés et j’ai dû très jeune subvenir à nos besoins par tous les moyens. J’ai fait tous les petits boulots que je pouvais, comme puiser de l’eau, transporter des pierres de construction ou transporter des briques », explique Erica, 25 ans à peine. Depuis décembre dernier, elle est l’une des 300 jeunes mères à suivre la toute première formation proposée par Aide et Action à Madagascar en partenariat avec le Ministère de la Jeunesse et des Sports dans le cadre de « Sandrarta ».
Jeunes mères stigmatisées et exclues
Ce programme d’une durée de 3 ans est mené par notre association avec l’Agence Française de Développement afin de proposer à 900 jeunes malgaches un accompagnement psychosocial. Celui-ci leur permettra de retrouver confiance et emploi. Le projet vise également à faire évoluer les mentalités et développe des activités de sensibilisation sur la parentalité précoce et des campagnes de valorisation de l’image et de la représentation des jeunes filles mères.
Former et faire évoluer les mentalités
La première formation portait principalement sur le développement des « compétences de vie ». Elle a aidé les jeunes mères célibataires à améliorer l’image qu’elles se faisaient d’elles-mêmes, à renforcer leur estime de soi, et surtout à avoir les ressources morales nécessaires pour affronter la vie quotidienne. « Nous sommes formées aux life skills (compétences de vie), ce qui nous permet d’acquérir des connaissances, d’apprendre le sens du partage, le vivre ensemble et la vie communautaire. J’ai déjà mis en pratique ces compétences et j’ai changé. Je fais plus attention à l’argent que je gagne et j’économise », insiste Nirina. Un changement de comportement confirmé par Erica. « Nous tirons des leçons de ce que nous étudions. Nous voyons d’autres choses et nous sommes plus ouvertes d’esprit. Cela m’a ouvert les yeux sur les autres facettes de la vie, et j’ai pu corriger mes défauts. J’ai appris à davantage discuter, notamment en cas de conflit. Si une personne se moque de moi, je suis plus indulgente et plus calme car j’ai appris à mieux maîtriser mes émotions durant les formations. Ces comportements, je les transmets aussi à mon enfant, c’est important ». Le projet Sandrarta a donné une lueur d’espoir à ces jeunes mères célibataires. « Nous avons appris à garder le moral, à rester optimistes, à avoir des objectifs et à s’y tenir. Même si on débute en bas de l’échelle, on finira un jour par être en haut. (…) Je voudrais devenir couturière, puis ouvrir mon propre atelier de couture. » explique Christiana. « Moi je rêve d’avoir un travail permanent, être fonctionnaire par exemple, pour ne plus dépendre de personne », conclut Nirina.