L’UNESCO célèbre ce 24 janvier 2020 la Journée Mondiale de l’Education, soulignant ainsi le caractère fondamental de l’éducation pour combattre les inégalités et garantir l’avenir du monde. Reste qu’à compter d’aujourd’hui, il reste en tout et pour tout 10 ans pour réaliser le droit à l’éducation pour tous comme s’y sont engagés 193 chefs d’État en 2015. Bel enjeu certes, mais peu réaliste dans un monde où exclusions et inégalités ne cessent de grandir.
Voilà un an tout juste que la Journée Mondiale de l’Education, célébrée le 24 janvier, a été créée par l’Assemblée Générale des Nations unies afin de rappeler au monde que l’éducation était avant tout un pilier du bien-être humain et du développement durable. Un juste retour des choses si l’on peut dire puisque l’éducation était, jusqu’à présent, la grande oubliée des leaders politiques. Reléguée au second plan, derrière des causes jugées « plus utiles », elle n’avait jamais reçu ni l’attention ni le soutien qu’elle méritait. Preuve en est, si chefs d’État et politiciens en ont souvent fait l’apologie, ils n’y ont pourtant souvent consacré que quelques pourcentages à peine de leur aide au développement, laissant ainsi des millions d’enfants exclus d’une éducation de qualité. Depuis 2018, la tendance change et l’aide à l’éducation dans le monde augmente mais elle peine à rattraper le retard accumulé au fil de ses années : il manque aujourd’hui selon les estimations de l’UNESCO près de 39 milliards de dollars par an pour atteindre l’éducation pour tous.
Un anniversaire pour célébrer le droit fondamental de l’éducation
Pour ce deuxième anniversaire de la Journée Mondiale de l’Education, l’UNESCO adopte un discours plus tranché encore et affirme l’importance vitale de l’éducation, en rappelant qu’elle est « un droit humain fondamental, un bien public, la meilleure ressource renouvelable de l’humanité et surtout le moteur permettant d’atteindre d’ici à 2030 les Objectifs de Développement Durable », adoptés en 2015 par 193 chefs d’État, en vue de construire un monde plus juste et durable. S’appuyant sur les textes fondateurs comme la Déclaration des Droits de l’Homme ou la Convention Internationale des Droits de l’Enfant, l’UNESCO souligne que l’éducation n’est pas seulement une opportunité supplémentaire accordée aux individus, « une chance » d’acquérir savoirs et connaissances, une liberté de s’instruire laissée aux aléas de la vie ou au bon vouloir des individus. Elle est, au contraire, un droit que les États doivent s’engager à respecter, au même titre que le droit à la vie, à la paix, à la santé ou au logement… Accessible à tous les individus, sans aucune discrimination, le droit à l’éducation est de surcroît un droit « multiplicateur » : il ne garantit pas seulement l’accès aux savoirs, mais est comme un fil d’or conduisant à d’autres droits, « celui qui donnera aux peuples », comme l’écrit cette année l’UNESCO, « les moyens d’agir pour préserver la planète, bâtir une prospérité partagée et promouvoir la paix ».
Mais une prise de conscience trop lente
« Si tous les adultes achevaient le secondaire, le taux de pauvreté dans le monde diminuerait de moitié », estime l’Unesco. Amélioration des perspectives d’emploi, hausse des revenus, autonomisation des filles et des femmes, amélioration de la santé maternelle et infantile, réduction des mariages et grossesses précoces… les bénéfices directs de l’accès à l’éducation sont des plus nombreux et des plus puissants. Preuve a amplement été faite que l’éducation favorisait la croissance économique, contribuait à réduire les inégalités et permettrait d’apporter des réponses aux problèmes environnementaux mondiaux, non seulement en sensibilisant davantage les individus mais aussi en les incitant à lancer plus d’actions pour l’environnement.
Pour autant, en dépit de tous ces avantages démontrés, la prise de conscience de l’importance de l’éducation est plus que lente. Les États les moins avancés peinent aujourd’hui à investir le minimum recommandé de 4 à 6% de leur PIB dans l’éducation. Aujourd’hui encore, 258 millions d’enfants, d’adolescents et de jeunes se voient toujours refuser le droit d’étudier. Et parmi les enfants qui sont scolarisés, moins d’1 sur 2 atteint le seuil minimal de compétences en lecture, en écriture et en calcul à la fin de l’enseignement primaire. Si la tendance actuelle se poursuit, un enfant sur six en 2030 sera non scolarisé dans les cycles primaire et secondaire, tandis que quatre jeunes sur dix seront exclus de l’enseignement secondaire. La situation ne sera guère plus brillante pour les adultes : plus de 750 millions d’entre eux n’auront pas les compétences pour participer à l’économie de demain dans les pays à faible et moyen revenu et 1.5 milliard d’adultes n’auront pas d’éducation au-delà de l’école primaire.
Le Monde aura près de 50 ans de retard pour lutter contre l’exclusion scolaire
193 chefs d’État, réunis aux Nations unies en 2015, se sont pourtant donnés 15 ans jour pour jour pour atteindre 17 Objectifs de Développement Durable pour construire un monde sans maladie, ni famine, sans inégalité ni pauvreté, où tout un chacun aurait accès à 12 années d’éducation gratuite. Rien ou presque n’a cependant changé au cours des 5 dernières années, au contraire, exclusion et inégalités semblent même en hausse constante et il y a fort à parier aujourd’hui que les 10 ans à venir ne permettront pas d’atteindre ces objectifs. En effet, près de deux tiers des pays en voie de développement sont en retard dans l’accomplissement des ODD liés à la nourriture, la santé, l’accès à l’eau et l’assainissement, et à l’éducation. En ce qui concerne les États fragiles, cette proportion s’élève à 4 pays sur 5. En moyenne, le monde aura donc plus de 50 ans de retard sur la tenue de la cette promesse, estime l’UNESCO.
10 ans pour agir avant qu’il ne soit trop tard
Une fois de plus, leaders et hommes politiques, échoueront donc, en dépit de leurs beaux discours, à tenir leurs promesses. Et 2030 ne verra probablement pas la naissance d’un nouveau monde. Par manque de moyens peut-être, par manque de volonté politique sans aucun doute. Les plus pénalisés seront comme toujours les plus vulnérables, celles et ceux qui vivent marginalisés en raison de leurs croyances, de leurs ethnies, de leur handicap, ces 5% de la population mondiale laissée-pour-compte, sur le bord de la route, en dehors des grandes dynamiques de développement. Face à une telle injustice, Aide et Action a choisi de prendre un virage et de repenser sa mission « pour contribuer à la construction d’un monde où chacun a la possibilité de développer son plein potentiel grâce à l’accès à une éducation et à un apprentissage de qualité. ».
Aide et Action s’engage pour le droit à l’éducation des plus vulnérables
Créée il y a 39 ans pour assurer l’éducation de tous, notamment des enfants en primaire, l’association oriente désormais ses actions vers les plus vulnérables, les plus isolés, celles et ceux dont les droits humains, notamment le droit à l’éducation, sont les plus bafoués. Elle les accompagnera désormais tout au long de la vie pour qu’ils acquièrent des savoirs – du pré-scolaire à l’apprentissage socio-professionnel en passant par le primaire et le secondaire – dans l’unique objectif d’offrir à tous les mêmes opportunités de développement. En complément des projets qu’elle mène sur le terrain, Aide et Action accompagnera les populations sur le chemin de la citoyenneté afin qu’ils contribuent au changement social aux niveaux local, national et international. Ces nouveaux axes d’intervention tiendront compte des enjeux en termes de changement climatique, de sécurité et de migration. Ils nous permettront, in fine, d’agir globalement, sur l’ensemble des freins à l’éducation, pour que les plus vulnérables et marginalisées puissent, grâce au savoir et à la connaissance, maîtriser leur propre développement et contribuer à un monde plus pacifique et durable.