Action Education lutte contre le tabou autour des menstrues au Bénin avec le projet AGIR

 

Les menstrues, un sujet encore tabou !

La menstruation en milieu communautaire est un sujet tabou au Bénin. De nombreuses filles qui expérimentent leurs premières menstrues sont souvent confrontées à des difficultés :

  • Mauvaise préparation avec très peu ou pas d’informations sur ce sujet.
  • Ignorance des comportements et gestes adéquats à adopter lors de la survenue des menstrues.

Selon un rapport de l’Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture, en Afrique subsaharienne, 1 fille sur 10 ne va pas à l’école pendant son cycle menstruel, ce qui équivaut à une perte de 20 % du temps scolaire par an. De plus, lorsqu’elles commencent leur cycle menstruel, elles peuvent abandonner complètement l’école. La gestion menstruelle devient une contrainte et un problème pour elles en raison du manque d’informations, d’infrastructures adéquates et de produits d’hygiène faciles à utiliser.

 

 

Les menstrues, un tabou aux conséquences désastreuses sur la scolarisation des filles

Projet AGIR-Bénin pour la lutte contre le tabou autour des menstruesUn sondage a été conduit dans la zone d’intervention du Projet d’Appui à la Gouvernance et aux Initiatives Relais pour une éducation de qualité (AGIR-BENIN) financé par la Direction du Développement et de la Coopération (DDC) et mise en œuvre par le consortium Action Education/Plan International Bénin.

Les résultats sont parlants :

  • Les filles sont souvent stressées en classe pendant leur période de menstruation et ne suivent pas les cours ;
  • La plupart d’entre elles manquent les cours pendant cette période et restent à la maison au moins 4 jours par mois car ne sachant pas comment se prendre en charge ;
  • Et les difficultés de gestion des périodes de menstruation sont souvent à la base du décrochage scolaire chez plusieurs filles.

 

Projet AGIR-Bénin pour la lutte contre le tabou autour des menstrues

Mieux gérer les menstrues pour éviter l’absentéisme et les abandons scolaires des filles

Le projet AGIR apporte une réponse à cette situation en accompagnant les élèves et particulièrement les filles les plus à risque d’abandon par la mise en place d’un paquet de services adaptés. Ainsi 90 personnes ressources en raison d’une personne par école ont été identifiées et formées sur la gestion de l’hygiène menstruelle (la connaissance et la maîtrise du cycle menstruel, l’hygiène autour des menstrues, l’utilisation correcte des serviettes hygiéniques, les conséquences de l’apparition des menstrues…).

821 filles en âge de menstruation ont été identifiées dans les écoles d’intervention du projet et formées avec l’appui des personnes ressources. Elles sont suivies par les personnes-ressources pour une bonne hygiène pendant les menstrues. Les parents d’élèves et particulièrement les mères ont été impliquées et bénéficient de l’appui/conseils au même titre que les filles.

 

Quelques témoignages de l’action de l’association Action Education au sujet de l’hygiène menstruelle dans les communautés et les écoles.

Témoignages d’élèves

 

Carène GBOZO, élève en classe de CM2 à l’Ecole Primaire Publique de Zoungoudo/A à Ouidah

 » J’ai mes menstrues depuis deux ans. Je n’aimais pas en parler car j’avais honte. J’ai été identifiée avec mes camarades par la personne ressource avec l’aide de l’animatrice de Action Education pour bénéficier d’informations et de conseils pour la gestion des menstrues. Je suis maintenant plus à l’aise en classe. Car nous avons reçu beaucoup de conseils venant de l’animatrice et de la maitresse et si l’une d’entre nous avait ses menstrues à l’école, nous n’avons plus peur ni honte parce que la maitresse nous aide maintenant à gérer cela. Je remercie l’ONG Action Education pour cette bonne initiative à notre endroit. »

 

Natacha MENAKPO, élève en classe de CM2 à l’école Primaire Publique de Tokoli dans la commune de Tori Bossito.

« J’ai commencé à avoir mes menstrues l’année passée et la toute première fois c’était à la maison. Ce jour-là ma maman a été la première personne qui était au courant. Elle m’a dit que j’étais désormais une femme et que je ne devais pas avoir des relations sexuelles avec les garçons. A l’école, j’ai encore reçu beaucoup plus de conseils venant de la maitresse et de l’animatrice. Elles m’ont dit comment je devais laver les bouts de pagnes que j’utilise et comment garder une bonne hygiène corporelle. Cette activité sur la gestion de l’hygiène menstruelle initiée par l’ONG Action Education m’a permis de savoir comment me comporter pendant les menstruations et d’éviter désormais les absences aux cours durant cette période. »

Témoignages d’enseignants, parents d’élèves et personnes-ressources

 

Raymond DANTON, président APE de l’école de Gonfandji (commune de Zé)

 » Je remercie l’ONG Action Education pour ses actions au sein de ma communauté, surtout les activités mises en œuvre de façon particulière à l’endroit des filles avec l’implication des enseignantes dans ce processus. Les menstruations sont un processus normal dans la vie de nos filles, sœurs et mères. Et le développement ne peut se faire en leur absence vu leurs doubles rôles: éducatrice et mère. La fille d’aujourd’hui est la mère de demain. Il n’est pas nécessaire de l’isoler pendant ces règles comme le prescrit certains rîtes et coutumes. Elle peut vaquer normalement à ses occupations quotidiennes si elle est dans la capacité de les accomplir.
C’est vrai que les menstrues induisent une autre forme d’hygiène propre à cette période que traverse la femme. Il revient à la communauté de les sensibiliser afin qu’elles prennent davantage soin d’elles – même et de leurs études. »

 

Yvonne ZANNOU, membre du Cercle de Réflexion des Femmes (CRF)

 » La présence de Action Education est vraiment salutaire pour notre communauté. C’est une opportunité pour nos enfants et surtout les filles d’aller plus loin dans leurs études. C’est la première fois qu’une ONG œuvre pour la santé des filles à travers l’hygiène des menstrues chez nous à Zinvié. En tant que mère et membre du Cercle de Réflexion des Femmes, je sensibilise les filles sur les premières règles qui apparaissent généralement entre 8 et 16 ans, parfois après 17 ans. Elles durent en moyenne de 2 à 5 jours. Souvent les filles ressentent des malaises comme des crampes abdominales, des douleurs, des ballonnements, des vomissements, des maux de tête, des étourdissements, des seins douloureux. Je leur conseille d’éviter les repas sucrés, du haricot et ses dérivés. Le sang des règles n’a rien d’impur.
Pendant les règles, la propreté et l’hygiène sont importantes pour écarter tout risque d’infection et de mauvaises odeurs. Pour soulager les douleurs liées aux menstrues, je demande aux filles de boire beaucoup d’eau, de prendre beaucoup de légumes.
Merci à l’ONG Action Education et la coopération Suisse pour cette initiative pour que plus de filles réussissent dans leurs études afin de participer au développement de leur pays. »

 

AMADJAKO Clémentine, mère d’élève à l’EPP Zounto (Commune de Zè)

 » La femme c’est les menstrues. Une femme qui n’a pas ces menstrues ne peut pas enfanter. La menstruation est particulièrement importante parce qu’elle a un effet prononcé sur la qualité de vie des filles pendant et après la puberté et surtout sur leurs rendements scolaires. Une bonne hygiène menstruelle est fondamentale pour la santé et le bien-être des filles. L’animatrice nous a informé ce jour que durant cette année, les filles seront sensibilisées sur les menstruations, c’est vraiment louable !
Dans les classes en vérité, les filles ne prennent pas vraiment soin d’elles comme il faut. Un grand merci à l’ONG Aide et Action, qui à travers le projet d’Appui à la Gouvernance et aux Initiatives Relais pour une éducation de qualité au Bénin (AGIR) Bénin œuvre pour le mieux – être de nos enfants en particulier de nos filles. « 

Moudjahidathou ABOU, mère d’élève de l’école de Golo-Djibgé (commune d’Abomey-Calavi)

Nos filles dans les écoles manquent d’informations et ne sont pas bien préparées à la gestion de leurs périodes menstruelles. Certaines filles s’absentent ou même abandonnent les classes à cause des menstrues. C’est cela que je remercie Action Education et la Coopération Suisse pour l’attention accordée aux grandes filles des classes de CE2, CM1 et CM2 ayant déjà eu leurs premières menstrues. Ce sont elles qui abandonnent souvent les classes pour l’apprentissage de la gestion des menstrues. C’est vrai que c’est un peu délicat d’aborder ce sujet avec les enfants surtout nos filles à la maison. Mais avec l’information reçue, je prends l’engagement d’accompagner mes filles et d’être pour elles une sœur à qui elles se confient. Merci au projet AGIR Bénin !

 

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