Portrait : Sokhom, une femme engagée pour l’éducation

crédit: Christine Redmond

Née au Cambodge dans une famille pauvre, Sokhom a longtemps été privée de toute possibilité d’éducation et d’émancipation. Une simple formation organisée par Aide et Action pour devenir enseignante lui a donné des ailes. Elle est aujourd’hui institutrice dans la toute première maternelle communautaire de son village. 

Les traditions patriarcales ont encore la vie dure au Cambodge. Comme beaucoup de jeunes filles pauvres, nées en milieu rural, Sokhom n’a pas eu d’autres choix que d’abandonner l’école très tôt pour se marier. « Dans les milieux pauvres, une fille naît pour être mariée et s’occuper de sa famille, je n’avais donc jamais imaginé aller à l’université », explique-t-elle. Je voulais arrêter l’école et faire comme les autres. À 18 ans, j’ai épousé mon mari et suis devenue femme au foyer ». 

Femme active, mère célibataire

 « Et puis un jour, le chef du village m’a demandé si j’étais d’accord pour une suivre une formation pour devenir institutrice dans le cadre d’un projet mené par Aide et Action. À ce moment là je n’avais ni argent, ni métier, j’avais donc très envie de m’investir. Mon mari l’a très mal pris, il ne voulait pas que je travaille, ce qui a entraîné de nombreuses disputes entre nous. Un mois seulement après avoir débuté mon nouveau travail, j’ai divorcé et me suis retrouvée seule avec mes deux jeunes enfants. C’était très dur de trouver l’équilibre entre mon métier et ma vie de maman. Mon plus jeune enfant n’avait que 5 mois quand j’ai commencé et je n’avais pas d’autres solutions que de l’emmener au travail ». 

Critiquée par tous mais reconnue par le gouvernement

Déroger aux traditions a beaucoup déplu se souvient Sokhom. « Les gens du village m’ont beaucoup critiquée. Ils ne croyaient pas en moi et répétaient que je n’étais qu’une fille du village sans qualification ni expérience ». Avec le soutien d’Aide et Action, Sokhom a eu l’opportunité de suivre de nombreuses formations liées à l’enseignement. Au cours des 8 dernières années, elle a intensément travaillé pour non seulement créer la toute première maternelle communautaire de la région mais elle a également obtenu une reconnaissance officielle du gouvernement. « J’ai beaucoup travaillé pour que l’école et mon enseignement respectent à al lettre les normes officielles. J’ai plusieurs fois appelé l’inspectrice de l’éducation nationale dédiée à la petite enfance.  Elle me répondait que j’étais bien la seule à l’appeler, d’habitude tout le monde cherche à éviter les inspections ! »

Éduquée, émancipée et autonome

 « Pendre en charge les plus jeunes enfants et leur offrir une éducation de qualité est le travail le plus important que je puisse faire  et j’en vois els conséquences au quotidien. Avant, les parents n’accordaient aucune importance à l’éducation mais la construction de l’école par Aide et Action a tout changé. Moi aussi, j’ai changé d’ailleurs. Je ne suis plus la même personne, j’ai gagné confiance en moi et je suis devenue un membre important et respecté de la communauté. Mon unique rêve maintenant, c’est de voir mes filles terminer l’école. »

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