Burkina Faso : 10 jeunes déplacés internes en formation professionnelle 

Au Burkina Faso, 10 jeunes sont les bénéficiaires d’un micro-projet mis en place par Action Education pour soutenir l’intégration socio-professionnelle des jeunes déplacés internes. Coiffure, couture, infographie, mécanique : voici quelques uns des métiers choisis par ces apprenantes et apprenants, qui ont rejoint des centres de formation et des ateliers d’apprentissage à Léo, chef-lieu de la province de la Sissili.

Les bénéficiaires du micro-projet ont été sélectionné.es avec l’appui de la mairie de Léo (Délégation spéciale) et des services de l’action sociale de la province de la Sissili. Le choix professionnel des apprenants a été totalement libre. Chaque bénéficiaire reçoit une pension alimentaire journalière de 500 francs CFA. Un kit d’installation post-formation a été acquis au profit de chaque apprenant.

Centre Apple Coiffure

Tapsoba Zenabou placee a Apple Coiffure PDI non scolarisee de Liptougou.JPGAu Centre Apple Coiffure de madame ZIZIEN Françoise/KOBIANE, trois jeunes filles bénéficiaires du micro-projet apprennent la couture depuis fin décembre 2024. Il s’agit de Zenabou Tapsoba, une jeune fille non scolarisée originaire de Liptougou, Rachelle Damiba (niveau 3e) originaire de Dassa dont l’école a été incendiée. Les deux premières viennent de la région de l’Est à fort défi sécuritaire et la troisième est originaire du Centre ouest qui a aussi enregistré des attaques de villages par les groupes armés non étatiques. La coiffure est leur métier de rêve : elles souhaitent aller au bout de leur formation puis s’installer à leurs comptes. Marie Pascaline Bationo était en classe de troisième quand les groupes armés ont incendié son école dans la commune de Dassa. Pour leur sécurité, ses parents se sont installés à Léo. Comme alternative pour construire sa vie, elle a choisi la coiffure. « Je veux ouvrir mon salon de coiffure et travailler pour avoir de l’argent », affirme-t-elle.

 

Jeune femme déplacée interne en formation de coiffure grâce au micro-projet d'action éducation La patronne du Centre Apple Coiffure est satisfaite du comportement des trois apprenantes. « Elles sont assidues et très intéressées. Au début, elles étaient timides et renfermées mais avec le temps et la création de cadre de causerie, cela a été résolu. Elles ont des difficultés pour la lecture des notices des différents produits si bien que je traduis en mooré pour les aider, surtout pour Zenabou Tapsoba non scolarisée », précise madame ZIZIEN.  La durée de trois mois impose une formation intensive avec 5 modules : tissage, natte, fixage, placage et tatouage. « La durée de la formation de trois mois est largement insuffisante. La durée normale est d’un an pour être autonome et il faut trois ans pour l’obtention du Certificat de Qualification Professionnelle (CQP) ».

 

Centre de Formation Neerwaya 

Felicite OuedraogoTrois pensionnaires sont placées dans le centre de Formation Neerwaya pour la couture dirigé par Hamidou ZONGO. Il s’agit de Félicité OUEDRAOGO niveau sixième originaire de Boussé, Ramata TAPSOBA école coranique venue de Liptougou et de Kamidini LOMPO niveau troisième originaire de Logobou à l’Est du Burkina Faso. Toutes ont été contraintes de quitter leur village à cause de l’insécurité. Elles ont toutes choisi la couture comme métier. « J’ai choisi la couture pour ouvrir mon atelier après l’apprentissage, avoir de l’argent et prendre soins de mes parents », a déclaré Kamidini LOMPO. Les trois jeunes filles sont très motivées et assidues à l’atelier.

« Je suis satisfait de leur comportement. Elles veulent apprendre le métier mais la couture est complexe. La durée de la formation est insuffisante », a dit le patron du Centre.  Et Hamidou ZONGO de préciser : « au début, c’était difficile d’harmoniser le programme d’apprentissage parce qu’elles n’ont pas le même niveau ; surtout Ramata TAPSOBA qui n’a pas été scolarisée. Par ailleurs, Kamidini LOMPO ne comprend pas le Mooré. Ensuite Félicité OUEDRAOGO a été traumatisée par les exactions des groupes armés. Elle a besoin d’être accompagnée ».  La durée de formation normale selon ZONGO est de trois ans mais il s’engage à faire le maximum sur les sept modules qu’elles doivent apprendre. A la sortie des quatre mois d’apprentissage, elles ne seront pas totalement aptes à tout faire mais les sillons seront tracés pour leur permettre de poursuivre leur formation en exerçant.

 

Cyber centre Papsis

Josue Morbiga secretariat au Cyber Centre Papsis de Leo niveau classe de 3emeJosué MORBIGA est originaire de l’Est du Burkina Faso. Il a le niveau de la classe de troisième. Il a choisi le métier de l’infographie-secrétariat et il est le seul à bénéficier de six mois de formation. Le jeune homme est très conscient de l’enjeu de la formation qu’il a choisie. Très motivée et assidue, il est conscient que le domaine de l’infographie est dynamique et il lui faudra une mise à jour continuelle. Le formateur Basile NABOLE est certain sur les capacités de son élève. Pour lui, « il y a un marché potentiel dans la province de la Sissili en matière de conception de logos, de maquettes, cartes de vœux, cartes de mariage, cartes de visite, de banderoles pour les événementiels, etc. ».  A écouter Josué MORBIGA, il est déjà bien mature et sait ce qu’il veut.

 

 

Garage Wend Songda

Mano Fatao dans le garageFatao MANO venu de Manni dans la province de la Gnagna à l’Est du Burkina Faso a choisi la mécanique moto. Niveau Cours Moyen (CM1), son école a été incendiée par les groupes armés non étatiques. Il est avec ses parents à Léo et ses frères qui aussi ne vont plus à l’école et sont dans un site d’orpaillage. « J’ai choisi la mécanique parce que j’aime ce métier. Je vais ouvrir mon garage pour travailler et avoir de l’argent pour construire une grande maison », vœu de Josué.

Il a intégré le garage Wend Konta à Léo, dirigé par Roger BONKOUNGOU, spécialiste en mécanique 2 roues. « Josué est très intéressé par la mécanique. En moins de deux mois, il peut faire la vidange, régler la chaîne, démonter les capots, etc. Mais la durée de trois mois est insuffisante malgré le programme intensif de formation conçu pour lui. Pour un adulte, la durée de la formation est de trois ans », a précisé M BONKOUNGOU. Au début, Fatao habitait loin du garage. Il arrivait le matin en retard et il était libéré en fin de journée avant les autres apprenants. Cette difficulté est résolue si bien qu’il apprend à plein temps.

Centre de formation des métiers Wend konta

Deux bénéficiaires du micro-projet d’urgence sont placés au Centre de formation des métiers Wend Konta de Léo. Kobéré DIALLA niveau sixième originaire de Manni et Latif NYAMPA niveau Cours Elémentaire (CE1) originaire de Kongoussi ont choisi d’apprendre la soudure. Respectivement 17 et 15 ans, ils ont débuté leur apprentissage le 15 décembre 2024 pour trois mois. « J’ai choisi la soudure parce que j’apprenais déjà à Kongoussi ce métier avec un oncle soudeur. Je veux continuer pour bien connaître et avoir mon atelier », dit Latif NYAMPA.

Kobere Dialla originaire de Manni niveau 6emeKobéré DIALLA vit avec un oncle à Léo ; ses parents biologiques sont restés à Manni malgré l’insécurité. « J’ai quitté Manni il y a longtemps à cause des groupes armés non étatiques qui enrôlent les jeunes et enfants. Après l’apprentissage, je vais ouvrir mon atelier pour travailler et subvenir à mes besoins et ceux de mes parents », nous a confié Kobéré DIALLA. Pour le directeur du Centre, François KABORE, « Latif et Kobéré sont très motivés pour apprendre le métier. Nous avons un programme spécial pour eux. Au bout de trois mois, ils pourront réaliser des fenêtres simples, tables, chaises, pousse-pousse ; en tout cas des meubles simples. En trois mois, ils ne peuvent pas tout apprendre. La durée normale de la formation est de trois ans », a déclaré le directeur du Centre.

Le micro-projet d’urgence offre l’opportunité à 10 jeunes filles et garçons d’apprendre un métier de leur choix. La difficulté majeure est la durée de la formation de trois mois pour la plupart des bénéficiaires sauf Josué MORBIGA et les trois jeunes filles apprenantes en couture. Un appel est lancé à d’autres donateurs pour aider ces jeunes apprenants volontaires obligés de quitter leur village à parfaire leur apprentissage afin de se construire à travers leur métier de rêve.

 

 

 

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