Scolarisation des filles : performance intéressante des élèves issus des centres SSAP

Dans le cadre de la scolarisation et du maintien des filles à l’école, le projet d’appui à la Scolarisation des filles (SCOLFILLE) a permis le retour à l’école prioritairement de filles non scolarisées ou précocement déscolarisées grâce à la Stratégie de Scolarisation Accélérée à Passerelle (SSAP). Avec l’appui financier des fondations L’Occitane, Audemars Watkins et la commune Plan les Ouates, le projet est déployé au Centre ouest du Burkina Faso. La démarche des centres SSAP consiste en une année scolaire de scolarisation accélérée des enfants non scolarisés et /ou précocement déscolarisés. Et au terme de l’année scolaire, les sortants sont évalués et intègrent les classes correspondant à leur niveau dans le système classique. Depuis deux à trois ans, les élèves des centres SSAP ont intégré le système scolaire classique dans des écoles d’accueil. Que sont-ils devenus ?  Arrivent-ils à suivre le rythme des autres non issus des centres SSAP ? Constat dans les écoles d’accueil du secteur 4 de Sapouy et de Bougagnonon les 11 et 14 février 2025.

Ecole du secteur 4 de Sapouy

L’école primaire publique du secteur 4 de Sapouy, chef-lieu de la province du Ziro, a accueilli 22 apprenants des centres SSAP au départ, en fin d’année scolaire 2022-2023.  « A la rentrée scolaire suivante, 2 sont repartis à Kaya dans le cadre de la réinstallation des personnes déplacées internes et 20 sont restés », a précisé le directeur de l’école Lamine SANKARA. Ils étaient repartis ainsi qu’il suit durant l’année scolaire 2023-2024, leur première année scolaire dans le système classique : 4 élèves dont 3 garçons et une fille au CE2 ; 7 élèves dont 2 garçons et 5 filles au CE1 et 9 dont 4 garçons et 5 filles au CP2.

Lamine SANKARA, directeur de l’école du secteur 4

A la rentrée scolaire en cours, ils sont 13 à poursuivre leurs études dans l’école du secteur 4 de Sapouy. 7 élèves n’ont pas répondu à l’appel. Les parents ont été approchés par le corps enseignant pour connaitre les raisons de l’abandon. « 2 garçons et 5 filles ne sont pas revenus à l’école. Certains seraient inscrits dans des centres de formation de métiers selon leurs parents », nous a expliqué le directeur SANKARA. Pour lui, les acquis du centre SSAP leur seront très utiles dans les centres de formation aux métiers. A date, un garçon est en classe de CM1 ; un garçon et 4 filles au CE2 et 7 élèves dont 2 garçons et 5 filles au CE1.

Après deux années scolaires, la fréquentation d’un centre SSAP n’est pas un handicap pour la poursuite des études dans le système d’enseignement classique. Le directeur de l’école du secteur 4 de Sapouy nous présente les résultats des sortis des centres SSAP à l’issue de l’évaluation du premier trimestre. « Concernant leur progression dans les classes, leur intégration n’a pas posé de problème particulier. Ils se sont vite accommodés avec les autres élèves. Leur progression est normale. A la première évaluation de l’année scolaire en cours, seuls 2 sur les 13 n’ont pas obtenu la moyenne. Un au CE2 et un au CE1. Mais les moyennes obtenues ne sont pas catastrophiques », clarifie-t-il. Mieux certains issus des centres SSAP ont obtenu de très bonnes moyennes. C’est le cas de Garikoa Rouhai en classe de CE2 avec 8,63 sur 10.

                                                                                                                                                                                            Garikoa Rouhai en classe de CE2

Ecole de Bougagnonon

L’école primaire publique de Bougagnonon compte 14 élèves sortis du centre SSAP.   Une   au CP2 ; huit au CE1 ; deux au CE2 ; deux au CM1 et un au CM2. Notons que celle du CP2, est une élève souffrant d’un handicap mental. Elle est juste là pour sa socialisation. Dans l’ensemble, selon le corps enseignant, ils arrivent à suivre en classe. Pour Tambi CONOMBO, enseignant de la classe de CM2, « Mounira SAKANDE venue du centre SSAP, a obtenu 4,84 sur 10 à l’évaluation. Elle est proche de la moyenne. Elle a un niveau moyen. Elle participe bien en classe. Elle est un peu distraite. Elle va remonter la pente ».  En classe de CM1, l’enseignant Salif DERRA est satisfait du travail de Aminata DERRA et Asseta KOANDA venues du centre SSAP. « Elles ont obtenu respectivement 6,93 et 5,12 sur 10.  Aminata, qui n’avait jamais été scolarisée avant la SSAP, est la deuxième de la classe et Asseta occupe le dixième rang », nous confie l’enseignant DERRA. Pour la classe de CE2, l’enseignant Tibi Salam KONOMBO est même très satisfait de la performance de Barkissa RABO et Nafissa DERRA avec respectivement 7,40 et 6,60 de moyenne à la première évaluation de l’année scolaire.  « Ce sont des filles issues du centre SSAP et qui participent bien en classe », a-t-il commenté.

En recourant à la Stratégie de Scolarisation Accélérée à Passerelle (SSAP), le projet SCOLFILLE rend possible pour de nombreuses filles non scolarisées ou précocement déscolarisées la poursuite de leurs études. L’intégration dans le système scolaire classique des apprenants des centres SSAP s’est faite sans difficulté majeure selon les enseignants. Mieux, les évaluations ont prouvé que les ex-SSAP ne sont pas les moins brillants des classes. Il faut surtout les suivre et les accompagner. Et les parents ont un rôle important à jouer pour la réussite de l’éducation de leurs enfants.

 

Des élèves sortis des centres SSAP il y a deux ou trois ans des écoles primaires du secteur 4 de Sapouy et de l’école de Bougagnonon