Vietnam : La formation professionnelle offre de nouvelles perspectives aux femmes en milieu rural

Dans les collines verdoyantes de Sapa, une petite ville de montagne au nord du Vietnam très prisée des touristes, Vàng Thị Xá, 25 ans, agricultrice et mère de trois enfants, rêve d’accueillir des visiteurs chez elle et de gérer sa propre entreprise. Tout en s’occupant de son bétail pendant la journée, elle réfléchit à entamer une formation professionnelle afin de réaliser son rêve et se défaire du rôle que ses parents lui ont assigné en tant que jeune femme.

« J’ai beaucoup pleuré quand mes parents m’ont demandé d’arrêter d’étudier », raconte Xá qui a arrêté sa scolarité en troisième à cause de la pauvreté. Dans sa communauté, qui abrite principalement le groupe ethnique minoritaire H’Mong, la pauvreté conduit souvent à sacrifier l’éducation des filles au profit d’un mariage précoce. « En tant que fille, nous ne pouvons pas poursuivre de grands rêves car notre principale responsabilité est de rester à la maison et de nous occuper des enfants », explique-t-elle. « Nous devons obéir aux souhaits de nos parents et suivre la tradition locale ».

L’éducation pour tous

Dans les zones rurales telles que la ville natale de Xá, l’accès à une formation professionnelle équitable et à une orientation professionnelle reste largement hors de portée pour les nombreuses populations de minorités ethniques qui y vivent. Mais, avec les réformes actuelles de la formation professionnelle et une nouvelle stratégie nationale pour l’égalité des sexes annoncée au Vietnam en 2021, Action Education s’efforce de réduire les disparités entre les populations rurales et urbaines, en particulier les femmes rurales qui restent les moins éduquées et les plus susceptibles de dépendre de l’agriculture de subsistance.

Alors que le taux de participation à la population active du Vietnam était élevé (74,4 % en décembre 2020), seuls 22,6 % de la population employée en 2019 étaient formés. Un rapport du Bureau général des statistiques en 2020 a révélé que seulement 12,3 % des femmes employées dans les zones rurales étaient formées. Pour remédier à cette situation et doter les jeunes des minorités ethniques, en particulier les femmes en milieu rural, de compétences pertinentes pour le marché du travail vietnamien, Action Education a développé une série de matériel de formation et d’orientation professionnelle.

Améliorer l’accès des jeunes des minorités ethniques aux moyens de subsistance.

Au début de l’année 2022, Action Education, en collaboration avec les centres de formation professionnelle locaux, a organisé un programme de formation mobile dans les communautés rurales et éloignées. Xá était l’une des participantes à cette formation intensive d’un mois qui lui a permis d’acquérir des compétences techniques en broderie et en tissage, ainsi que des compétences générales en communication et en éthique professionnelle.

La conception du programme, qui prévoit de dispenser des formations dans des endroits très reculés, de verser une allocation aux étudiants sélectionnés et d’accueillir les mères de jeunes enfants, a permis à Xá d’y accéder. « L’horaire des cours était flexible et je pouvais aussi porter mon bébé au cours, donc mon mari m’a toujours encouragée à suivre ce cours », explique Xá.

Avant de participer à la formation, Xá fabriquait des vêtements pour sa famille en utilisant les compétences que sa mère lui avait enseignées et en participant à un groupe coopératif de broderie dirigé par une artiste locale. Mais Xá ne gagnait pas d’argent avec la coopérative car ses compétences étaient limitées. « Les compétences en couture que j’ai acquises pendant mon enfance m’ont été utiles pour produire des vêtements pour mon mari et mes enfants, mais elles n’ont pas bien fonctionné dans la coopérative car je n’avais pas d’idées créatives pour fabriquer de beaux produits », explique-t-elle. Avec trois jeunes enfants à élever, Xá s’inquiétait de sa situation financière et de la façon dont elle pourrait se permettre d’envoyer son aîné à l’école l’année prochaine.

Depuis qu’elle a rejoint la formation, ses inquiétudes ont diminué. « Je me suis sentie libre et à l’aise pour participer au cours et j’ai rapidement acquis de nouvelles connaissances et pensé à des idées créatives. Maintenant, je peux produire de plus beaux produits à vendre pour la coopérative et gagner plus d’argent pour la famille », dit-elle.

Une nouvelle voie à suivre

Les revenus de sa famille s’améliorant peu à peu, Xà rêve à nouveau de la carrière qu’elle imaginait lorsqu’elle était jeune fille : diriger sa propre entreprise d’hébergement chez l’habitant.  Avant d’abandonner l’école pour se marier, la matière préférée de Xá était l’anglais. Aujourd’hui, elle l’étudie à nouveau dans l’espoir de pouvoir bientôt accueillir des hôtes chez elle et de parler anglais avec eux.

« Si ma situation continue à s’améliorer comme ça, mon rêve de gérer une maison d’hôtes pourrait se réaliser l’année prochaine. J’espère que ce programme de formation se poursuivra afin que je puisse suivre les autres formations, notamment en cuisine traditionnelle et en accueil du public ».

 

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