La réforme de la Moudawa, le code de la famille, adopté en 2004 a été source de progrès pour la condition des femmes marocaine : âge du mariage des filles porté à 18 ans, droit du divorce par consentement mutuel et possibilité de se marier sans l’autorisation préalable du père. Pourtant tout ou presque reste à faire : lutter contre le mariage forcé, faire respecter le nouvel âge légal du mariage, améliorer la prise en charge des enfants… et surtout lutter contre la violence conjugale. En 2012, près de 6 millions de femmes marocaines ont été battues, dont plus de la moitié dans le cadre du mariage. Face à cette situation, « l’approche légale est certes nécessaire mais insuffisante. Il s’avère nécessaire d’adopter une démarche éducative et culturelle à même de conforter la femme dans la place de choix qui est la sienne dans l’Islam en tant qu’épouse, sœur et fille», a indiqué Abdelilah Benkirane, Chef du gouvernement, à l’ouverture du séminaire sur «la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes», organisé par le ministère de la Solidarité, de la Femme, de la Famille et du Développement social, en septembre 2012.
C’est ce à quoi Aide et Action œuvre depuis 2010 au travers du projet « Appui à la scolarisation des filles dans la Vallée d’Imlil ». Son objectif premier : offrir aux jeunes filles, exclues pour une grande majorité de tout système scolaire_ [La Vallée d’Imlil ne compte que 8 écoles, soit 245 enfants dont 100 filles uniquement], l’accès à l’éducation et à la formation. Il intègre ainsi la construction d’écoles, de dortoirs et de sanitaires pour faciliter la scolarisation des jeunes filles. Mais le programme ne s’arrête pas là.
Face aux violences et discriminations que subissent les femmes marocaines, notamment en milieu rural, Aide et Action cherche à faire évoluer pratiques et mentalités. Par le plaidoyer bien sûr auprès des autorités compétentes mais aussi et surtout par la parole. Le projet prévoit ainsi une vaste campagne de sensibilisation de la population aux droits et respect des femmes, notamment en appuyant la création d’associations de femmes ou de mères de familles au sein des écoles et villages. L’association contribue également à la réalisation de programmes radiophoniques, qui permettent de partager les expériences des filles et de renforcer la mobilisation sociale en faveur de leurs droits.
Les équipes d’Aide et Action se déplacent également de villages en villages afin d’échanger avec la population. Ces rencontres sur le terrain permettent d’écouter, de comprendre les traditions des communautés, leurs visions de la femme et de son rôle et les freins à son évolution. A la fin de chaque visite, une rencontre est organisée au sein de l’école. Cela permet à la fois de rassurer les familles quant aux conditions d’accueil et d’apprentissage des filles et d’échanger avec les enseignantes, ce qui contribue grandement à améliorer l’image de la femme dans la société.