« La scolarisation des filles reste gangrénée par des freins qui ont pour noms : mariages et grossesses précoces, violences faites aux filles dans l’espace scolaire et communautaire… » explique Hamidou Soukouna, d’Aide et Action au Sénégal. Pour lutter contre ce phénomène, l’association construit dans les pays où elle intervient, comme dans la région de Kolda au Sénégal des écoles « amies des filles ». Avec, en priorité, des écoles à faible distance des communautés, le transport étant souvent un facteur d’inquiétude pour les parents (la route pour aller à l’école est bien souvent source de viols, agressions, vols). A défaut, l’association offre aux jeunes filles des vélos pour leur permettre de parcourir le plus rapidement possible le trajet école-domicile. Du point de vue des infrastructures scolaires, des latrines séparées filles et garçons sont installées, des cantines sont développées afin de garantir un repas chaud minimum par jour aux jeunes filles. Autant d’éléments qui favorisent le maintien des jeunes filles dans le cadre scolaire.
Des bourses sont également leurs sont également : « Dans la région de Kolda où beaucoup de parents sont chômeurs ou ne survivent que grâce à l’agriculture, donner des bourses sous forme de fournitures scolaires, constituent une réelle bouffée d’oxygène pour les familles » explique Hamidou Soukouna. En moyenne, les jeunes filles reçoivent une bourse scolaire d’une valeur de 25 000 FCFA, soit environ 38 euros. Outre le versement de bourses d’une moyenne de 40 euros aux étudiantes, des campagnes de sensibilisation sont menées pour informer les populations de l’importance de l’éducation des femmes et des filles.
Dans ce cadre, les enseignantes sont fortement sollicitées. « Les enseignantes représentent un modèle de réussite pour les fillettes et leurs parents, un modèle à suivre. » poursuit Hamidou Soukouna. « Elles montrent que les femmes ne sont pas condamnées à être cantonnées aux tâches domestiques, qu’elles peuvent elles aussi exercer un métier. La présence d’enseignantes permet aussi de lever certaines résistances à la scolarisation des filles, le sentiment de certains parents que l’école n’est pas un milieu favorable ou sûr pour les filles, si les professeurs sont des hommes. » Si, au sein de ces établissements, une attention particulière est réservée aux jeunes filles, les enseignants hommes sont également centres d’attention. Préjugés et stéréotypes sont en effet nombreux et intériorisés. Ceux qui ont pour mission d’éduquer les jeunes sont également habités par ces stéréotypes sexistes. Aide et Action propose donc aux hommes enseignants de suivre des formations spécifiques afin d’enseigner aux deux sexes sans succomber, parfois malgré eux, à la discrimination.