Témoignages : des enseignantes inquiètes de l’impact de la COVID sur l’avenir des jeunes enfants
27 janvier 2022

L’école maternelle au Cambodge est encore particulièrement peu développée, notamment dans les milieux ruraux et marginalisés. Depuis plusieurs années, Aide et Action et ses partenaires favorisent une prise en charge pré-scolaire dès le plus jeune âge dans des centres d’accueil dédiés. Mais la pandémie de COVID-19 a entraîné la fermeture quasi immédiate de ces centres. Pour ces enfants vulnérables, les conséquences seront lourdes et durables, insiste Aide et Action à l’occasion de la Journée Internationale de l’Éducation (24 janvier).

« Quand les écoles ont fermé, je me suis aussitôt inquiétée pour les enfants que j’accueillais. Ils n’avaient passé que quelques mois en classe quand le confinement a été imposé. Sans cette préparation fondamentale, ils risquent fort de ne pas être en mesure de réussir à l’école primaire », s’alarme San Rith, enseignante en pré-scolaire dans le village de Preyn Nob  II Sihanoukville. « Les enfants que j’accueille n’ont pas beaucoup d’opportunités d’apprentissages. Donc quand les écoles ont fermé, je me suis fait du souci. Avec leurs parents, ils ne travaillaient pas vraiment, même quand je donnais des exercices.  Dans notre village, l’éducation n’est pas très importante et de nombreux adultes pensent encore que l’éduction est inutile, du coup les enfants passent leurs temps à jouer et à regarder les écrans. » explique Phnom Nasang, jeune enseignante de 24 ans enseignante en pré-scolaire dans le village de Koh Trach dans le district de Kampong Trach.

Isolement et privations

« Dans le village de Toul Torteng, le confinement a duré près de sept mois. Je savais que les enfants attendaient avec impatience de retourner à l’école mais les autorités ont imposé la fermeture totale des écoles. J’ai donc décidé seule d’aller à leurs rencontres, à leurs domiciles. Malgré l’école à la maison, la fermeture des écoles a eu un impact considérable sur le développement et les progrès des enfants, ils ont été privés de contacts avec leurs amis et certains sont restés en quarantaine pendant des mois, sans presque rien à manger, aux côtés de parents angoissés et privés de travailler », ajoute Yom Som Oun, 42 ans, enseignante à l’école maternelle de Toul Torteng.

Faire comprendre l’importance de l’éducation

« La COVID a totalement transformé nos pratiques pédagogiques. Avant nous nous retrouvions en face à face, mais durant la pandémie, j’ai dû faire cours en petits groupe dans les habitations des uns ou des autres. Je passais 20mn à 1h avec chaque groupe en fonction des besoins et je recommençais tous les jours. Cela a beaucoup affecté les enfants. Déjà en classe, ils avaient beaucoup de mal à suivre. Si leurs parents ne les encouragent pas, ils ne pourront pas rattraper leur retard », s’inquiète San Rith. Ce constat plus que précoccupant est partagé par la plupart des enseignants que nous accompagnons. « J’ai tenté de faire comprendre aux parents l’importance de faire travailler les enfants. Mais dans mon village, beaucoup font du petit commerce et se déplacent dans la région. Ils ont souvent laissé leurs enfants aux grands-parents, souvent très âgés et du coup, communiquer avec eux s’est avéré très difficile. J’ai bien tenté de leur faire comprendre les conséquences du manque d’éducation, mais je ne sais pas si j’ai vraiment été écouté. J’ai bien peur que pour beaucoup de mes élèves le passage en primaire, sans avoir eu de préparation en maternelle, ne se passe pas très bien. » insiste Phnom Nasang, 34 ans.

Aide et Action salue une nouvelle fois le courage et l’abnégation de tous les enseignants qui, malgré la pandémie et les risques encourus, ont bravé les obstacles pour assurer l’éducation de leurs élèves. Un grand merci à eux.

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