COVID-19 : Une génération sacrifiée ?

Crédit photo : Christine Redmond

La pandémie de COVID-19 a été une catastrophe sanitaire, économique et sociale, qui a littéralement bouleversé le monde et dont toutes les conséquences ne se sont pas encore abattues sur le monde. En matière d’éducation, elle a privé des millions de jeunes de leur droit à l’éducation, a exacerbé une crise des apprentissages rampante, et menace aujourd’hui l’avenir même de générations entières.  Une situation alarmante qu’Aide et Action dénonce à l’occasion de la Journée Internationale de l’Éducation (24 janvier). 

Au pire moment de la crise sanitaire, 1.6 milliards d’enfants, dont 760 000 filles, se sont retrouvés privés d’éducation. Les Etats ont aussitôt mis en place des alternatives pédagogiques mais 4 sur 5 ont fait le pari du numérique, laissant de côté près de 465 millions d’enfants qui n’avaient pas accès à l’ordinateur ou à internet. Pendant près de 21 mois, soit près de 2 ans, des enfants et adolescents, pour qui l’accès à une éducation de qualité était loin d’être garanti, ont donc été privés d’apprentissages. Aujourd’hui encore, plus de 30 000 000 d’enfants sont privés d’un apprentissage « classique » et subissent la fermeture totale ou partielle des écoles. Cela ne peut évidemment pas être sans conséquence.  

7 enfants sur 10 incapables de comprendre 1 histoire

Bien avant l’apparition de la COVID, on estimait déjà que plus de 617 millions d’enfants souffraient de « pauvreté d’apprentissages » : faute d’enseignants qualifiés, de matériels adéquats, de temps dédié au travail en raison des nombreuses tâches domestiques, d’électricité même parfois pour étudier à la nuit tombée, 1 enfant sur 6 ne savait pas lire ou écrire une simple phrase même après plusieurs années passées sur les bancs de l’école. On estimait alors que 53% des enfants dans les pays à faible et moyen revenu ne pouvaient pas lire ni comprendre une histoire en dernière année de primaire, un taux déjà important qui pouvait monter jusqu’à 80% dans certaines écoles. Les premières estimations post-COVID montrent aujourd’hui que ce pourcentage pourrait désormais atteindre 70%. Ces 7 enfants sur 10 privés de compétences de base dans les pays à faibles et moyens revenus sont majoritairement issus des groupes les plus vulnérables et marginalisés : les enfants en situation de handicap, issus des minorités ou encore des filles. 

Une génération condamnée

Une telle perte d’apprentissage sera difficilement rattrapable au vu des conditions d’éducation actuelles : dans de nombreux pays, privés de vaccins pour la plupart, les écoles sont toujours fermées de manière partielle ou totale, les gouvernements n’ont pas massivement investis dans l’éducation (moins de 3 % des plans de relance des gouvernements ont été alloués à l’éducation) et n’ont pas prévu de plan adéquat pour appuyer les enseignants, accueillir et prendre en charge des enfants en très grande difficulté et leur proposer des cours de remédiation pour les remettre à niveau.  Dans une telle situation, la condamnation d’une génération entière semble sans appel. Jamais ils ne pourront se relever d’une telle crise et leur avenir même semble aujourd’hui menacé. 

La Banque mondiale, l’UNESCO et l’UNICEF estiment désormais que cette génération d’étudiants risque de perdre 17 000 milliards de dollars de revenus tout au long de la vie en valeur actuelle, soit environ 14 % du PIB mondial actuel, en raison des fermetures d’écoles liées à la pandémie de COVID-19.Au-delà des conséquences économiques, une telle perte d’apprentissage privera toute une génération des capacités à s’intégrer socialement, à devenir des citoyens libres et éclairés capables de contribuer au monde de demain et de faire face aux multiples crises qui ne manqueront pas de se produire. L’urgence d’agir n’a jamais été aussi aigüe. 

Dans ces conditions, Aide et Action se mobilise et exhorte les gouvernements : 

  • A réouvrir les écoles le plus rapidement possible dans le respect des conditions sanitaires et des gestes barrières et à développer des alternatives pédagogiques réellement accessibles à tous les enfants
  • De veiller à ce que les enseignants reçoivent appui et formation pour prendre en charge les enfants les plus vulnérables et traumatisés

De manière plus globale, nous demandons la construction de systèmes éducatifs gratuits, inclusifs et de qualité de manière à garantir à tous les enfants, notamment les plus marginalisés, le droit à une éducation de qualité.  Il importe également d’allouer à ces systèmes des moyens RH et financiers adaptés pour ne plus laisser personne de côté. Nous incitons les pays donateurs de l’aide au développement à prioriser l’aide à l’éducation, notamment l’éducation de base. 

Sources chiffres :

  • UNESCO 2020
  •  Save The Children, Save Our Education, 2020
  •  UIS 2021
  •  UNESCO 2018
  •  État de la crise mondiale de l’éducation : un chemin pour le redressement, Banque Mondiale, UNESCO, Unicef, 2021

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