Education inclusive : accompagner les filles en situation de handicap visuel dans la poursuite de leurs études

Briser l’obstacle du handicap visuel et permettre aux élèves victimes, surtout les filles, de poursuivre leur éducation, c’est un engagement d’Action Education à travers le projet d’Appui à la Scolarisation des Filles (SCOLFILLE) au profit des élèves des écoles d’intervention au Burkina Faso.
9 élèves en situation de handicap visuel des écoles partenaires sont pris en charge pour éclairer le chemin de l’éducation.  

Plusieurs conventions internationales relatives à l’éducation inclusive, telles que la Convention Internationale des Droits de l’Enfant (CIDE), engagent les Etats à prendre les dispositions nécessaires pour une éducation de qualité pour tous les enfants sans distinction. Hélas, il y a un fossé entre les conventions signées et la réalité, surtout dans les pays en développement où le handicap constitue souvent un obstacle à une éducation de qualité.  

Au Burkina Faso, les écoles classiques ne sont pas préparées à accueillir les enfants en situation de handicap. L’infrastructure n’est généralement pas adaptée et le corps enseignant n’est pas formé pour la prise en charge de ces enfants. Quelques écoles spécialisées ne couvrent pas tous les besoins. A l’inscription dans les écoles, il n’y a pas d’examen médical spécifique, seuls les handicaps observables ou aux effets manifestes sont identifiés. Bien entendu, les enfants en situation de handicap ne sont pas exclus mais les conditions d’apprentissage ne leur sont pas favorables.

C’est pourquoi, le projet SCOLFILLE, fruit du partenariat avec la Fondation Audemars-Watkins et le Fonds L’OCCITANE, a décidé de prendre en charge le handicap visuel dans les écoles partenaires des provinces du Ziro et de la Sissili. Le recensement sommaire avec l’appui des parents et du corps enseignant a permis d’enregistrer, dans 15 écoles, 26 cas de handicap dont 12 formes de déficience visuelle.

 

L’importance de la prise en charge ophtalmologique 

Pour une bonne prise en charge, 9 filles en situation de handicap visuel ont été examinées le 1er mars 2024 à la Clinique Notre-Dame de la Miséricorde de Léo, chef-lieu de la province de la Sissili, au Burkina Faso. Venues de plusieurs écoles partenaires du projet et accompagnées par des parents, elles ont été reçues pour des examens cliniques par la sœur Honorine Ouédraogo, attachée de santé en ophtalmologie. 

Soeur Honorine Ouedraogo en consultation des filles ayant un handicap visuel

Sœur Honorine Ouedraogo en consultation avec des filles ayant un handicap visuel

 

Le handicap visuel irréversible 

Konaté Adidjatou a 15 ans et est en classe de CM2 à l’école primaire publique de To B dans la province de la Sissili. Elle était accompagnée par son oncle Konaté Mouhazou. Elle a perdu l’œil droit.

« Je ne vois pas avec l’œil droit mais il ne me fait pas mal. En classe, je vois bien avec l’œil gauche au tableau mais je suis exclue des autres activités », dit-elle. L’œil droit a changé de physionomie.

Selon son oncle, « Adidjatou est tombée malade à l’âge de 5 ans et elle a été soignée avec un traitement traditionnel. Malheureusement, elle ne voit pas avec cet œil. »

Après consultation, la sœur Honorine Ouédraogo soupçonne une rougeole mal prise en charge causant un handicap irréversible.

Pour Tianama Roukiétou, 9 ans en classe de CE1 à l’école de Yoro, le diagnostic est net. L’œil droit est crevé et aucun espoir de retrouver la vue selon la sœur ophtalmologue. Pour son oncle Tianama Saïdou, c’est un incident malheureux entre enfants aux conséquences irréversibles pour sa nièce. 

« C’est en 2019 que Roukietou s’amusait avec un camarade et celui-ci l’a heurtée avec un morceau de bois qui a touché son œil droit. Nous l’avons amenée au Centre de santé du village et nous avons été transférés à Ouagadougou à l’hôpital Tenganogo. Mais on n’a pas pu sauver l’œil », dit-il. 

Pour Roukiétou, « L’œil ne fait pas mal mais je ne vois pas. Je suis en classe avec l’œil gauche ».

Pour ces deux cas, la sœur Honorine Ouédraogo propose des prothèses oculaires esthétiques, non pas pour voir avec l’œil abimé, mais pour donner l’apparence d’un œil normal et éviter la stigmatisation. 

Konate Adidjaratou et Tianama Marietou

Konate Adidjaratou et Tianama Marietou

 

Le handicap visuel depuis la naissance

Ouédraogo Fatimata, 15 ans en classe de CM1 à l’école primaire publique de Bougagnonon dans la province du Ziro, souffre aussi d’un handicap visuel. Elle voit mal avec les deux yeux et le problème persiste depuis sa naissance selon son père Issaka Ouédraogo.

« Elle est née avec le problème. A sa naissance, un liquide blanchâtre coulait de ses yeux. Et son grand-père a proposé un traitement traditionnel pour la soigner. Mais cela n’a pas pu résoudre le problème. Nous ne l’avons pas amenée tôt au Centre de santé. Cela a été notre erreur », confesse le père.

En classe, Fatimata voit mal. « Je ne vois pas bien en classe. Si je suis assise à la première table, j’arrive à lire correctement au tableau mais au fond de la classe, je ne vois pas bien. J’ai informé le maitre et il m’a mise devant. », précise-t-elle.

Après consultation, la sœur Honorine Ouédraogo propose des examens approfondis à Ouagadougou avec un meilleur plateau technique.  

Fatimata Ouedraogo et son père, Issaka Ouedraogo

Fatimata Ouedraogo et son père, Issaka Ouedraogo

 

L’albinisme et le handicap visuel

Dabiré Toney est en classe de CE2 à l’école primaire publique de Dafin-Dagara. Elle est albinos et souffre de malvoyance et de fragilité de la peau. Elle est très sensible au soleil et aux piqûres des mouches et moustiques.

« J’ai des problèmes pour voir depuis longtemps. Si je suis au fond de la classe, je ne vois pas bien », dit-elle. 

Dabiré Toney

Dabiré Toney

 

Les traitements proposés en cas de handicap visuel

Après consultation des filles, la sœur Honorine Ouédraogo a diagnostiqué plusieurs causes et proposé des traitements, des corrections et des examens complémentaires : « Deux filles n’ont plus qu’un œil ayant perdu le second. Le handicap est irréversible. Il y a des conjonctivites allergiques qu’il faut prendre en charge. Il y a enfin le cas particulier de Dabiré Toney qui est albinos. Cela demande un suivi régulier à cause de sa fragilité. J’ai prescrit des traitements immédiatement disponibles, des verres correcteurs et des protèges oculaires esthétiques pour celles qui ont perdu un œil pour éviter la stigmatisation. Enfin, j’ai référé certaines à Ouagadougou pour un meilleur plateau technique ».

Les traitements disponibles sur place ont été immédiatement mis à disposition des familles des filles grâce au projet SCOLFILLE. 

Grâce au projet SCOLFILLE, Action Education accompagne les filles en situation de handicap visuel des écoles d’intervention dans la poursuite de leur éducation.

Cependant, il y a de nombreux élèves au Burkina Faso qui n’auront pas la chance d’être suivis et pris en charge. Le risque que le handicap visuel constitue une barrière à leurs études est réel.

 

Les filles bénéficiaires de SCOLFILLE ayant un handicap visuel venues à la clinique pour consultation

Les filles bénéficiaires du projet SCOLFILLE ayant un handicap visuel venues à la clinique pour consultation

Sur le même thème :

Les projets liés :

fr_FR