Accès et maintien de la scolarisation des populations vivant en habitats précaires

En France, malgré un taux de scolarisation situé entre 98% et 100% pour les enfants et jeunes âgés de 6 à 16 ans, des milliers d’enfants sont toujours déscolarisés du fait de leur situation administrative (enfants réfugiés et migrants, vivant en habitats précaires ou en bidonville, au mode de vie itinérant, sans papiers, etc.) et ce, alors que le droit français garantit l’accès à l’éducation de tous les enfants sans condition (ni de nationalité, ni de résidence). Malgré tout, encore aujourd’hui, ces enfants « invisibles », subissent souvent racisme et stigmatisation, ont pour seuls interlocuteurs les associations intervenant sur les lieux de vie.

En effet, les dispositifs d’accueil de l’éducation nationale, destinés à leur faciliter l’accès à l’éducation, peinent à les atteindre. L’éloignement de tout système d’éducation, la violence administrative et la précarité subie par les familles et les enfants sont autant d’obstacles qui renforcent leur marginalisation et vulnérabilité. Or, ces enfants ont un besoin impérieux d’être accompagnés dans leur éducation et dans leur scolarisation. Action Education a choisi d’adopter une approche globale afin de favoriser leurs apprentissages. S’il est nécessaire de renforcer leurs capacités à lire et à écrire en français, il est également important de les valoriser et, pour améliorer leur suivi, d’accompagner également les acteurs institutionnels et associatifs dans la prise  en compte des  problématiques rencontrées par ces enfants. 

En 2019, Action Education, en collaboration avec ses partenaires associatifs a organisé un temps de travail autour des besoins en médiation scolaire pour les personnes vivant en habitat précaire afin de réfléchir à la création de postes de médiateurs scolaires. L’objectif était de démontrer aux pouvoirs publics l’importance de cette médiation dans le cadre de la résorption des squats et des bidonvilles. Suite au lancement en novembre 2020 du programme de médiation scolaire de la Dihal, La Délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement (Dihal), invitée à ce temps et aux réflexions qui ont entouré cette journée, a décidé de financer en 2020 30 premiers postes de médiation scolaire associative sur l’ensemble du territoire métropolitain.

Suite à ce premier succès important, les partenaires associatifs ont organisé en 2021 une journée où l’ensemble de ces médiateurs ainsi que d’autres professionnels de la médiation scolaire ont été invités à échanger et de se renforcer autour de leurs modes d’action et d’intervention. Une première réflexion a été menée sur le métier, ses leviers et ses limites et l’objectif de ces journées est de partager des bonnes pratiques, de travailler sur l’ingénierie du métier de médiatrice scolaire et de se former.

A également démarré la réflexion sur la structuration d’un réseau national de la médiation scolaire (RNMS) réfléchissant à ses envies, ses attentes, ses besoins de formation et de parole collective. Désormais une dynamique inter-associative s’est organisée avec et autour de ces professionnels de la médiation scolaire et des rencontres nationales sont organisées en complémentarité des journées de formations de la DIHAL. A ce jour, l’un des enjeux principaux sur lesquels se concentre Action Education dans cette dynamique est la définition et la reconnaissance du métier de médiateur scolaire chez les autres acteurs. 

Depuis 2021, Action Education s’investit dans le Val-de-Marne où les enjeux autour de l’éducation des enfants en situation d’habitat précaire sont importants. A travers une étude exploratoire, nous voulions affiner notre compréhension des enjeux éducatifs avec les acteurs impliqués sur ces enjeux. Après la réalisation d’un rapport, d’une synthèse et de deux restitutions auprès d’acteurs, nous souhaitons continuer cette dynamique de concertation et de mise en action collective sur des thématiques ciblées et d’y associer les personnes qui sont directement concernées. Il s’agit in fine d’améliorer la prise en charge des questions éducatives des familles les plus éloignées de l’école et notamment celles vivant en habitat précaire.

Afin de sensibiliser aux discriminations subies par les enfants et les jeunes vivant en habitats précaires, Action Education et le théâtre de la Fugue accompagnent des comédiens bénévoles et des jeunes concernés par l’habitat précaire dans la création de saynètes de théâtre-forum. 

Action Education donne également la parole aux enfants et aux jeunes premiers concernés par l’habitat précaire via le MAG Junior. Le magazine diffuse les productions des enfants et des jeunes réalisées au cours d’ateliers d’expression artistique en Bulgarie, France et Roumanie.