Ateliers de journalisme et vidéo avec les adolescents de Sǎtmǎrel

©️Albane Buriel

 

À Satu Mare, au nord-ouest de la Roumanie, des jeunes d’un quartier marginalisé explorent leurs perspectives d’avenir à travers le journalisme et la vidéo. Le projet « Habitons le monde ! », soutenu par l’association STEA et Action Education et cofinancé par Erasmus+, a permis la conduite d’ateliers pratiques du 2 au 11 mai 2023, auprès d’une dizaine de participants de 13 à 16 ans habitant le quartier marginalisé de Sǎtmǎrel.

 

Le décrochage scolaire au collège et la nébuleuse de l’orientation

Satu Mare se situe au nord-ouest de la Roumanie, à 13km de la frontière hongroise et 27 km de la frontière ukrainienne. Sǎtmǎrel, quartier excentré de la ville de Satu Mare, abrite une communauté fortement marginalisée. La majorité vit dans des conditions de vie encore très précaires. Elle rencontre des difficultés d’accès à l’éducation, à la santé, aux services et aides sociales, à l’emploi et subit de fortes discriminations. Depuis 2018, Action Education soutient et accompagne l’association STEA qui travaille depuis une dizaine d’années auprès de ces familles. Les objectifs du projet sont d’accroître l’accès, le taux de fréquentation scolaire et le maintien scolaire chez les enfants et adolescents en améliorant, entre autres, la qualité de l’éducation et l’accueil de l’école. Pour faire face à cette marginalisation, STEA développe des projets éducatifs pour mettre en lien de jeunes collégiens et des institutions, ou des personnes qui peuvent être des ressources importantes pour leur futur.

 

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L’action Habitons le monde ! est une manière, pour ces jeunes, de devenir porte-parole pour d’autres jeunes qui veulent eux-aussi découvrir les orientations possibles après le collège à travers la réalisation de mini-reportages sous forme d’interviews. “Cette information, c’est quelque chose qui leur manque et ce projet est une grande opportunité pour eux. Les jeunes arrêtent fréquemment l’école après 14 ans, c’est le moment où ils terminent l’école à proximité de leur quartier. Une des raisons à cela, c’est parce qu’ils ne connaissant pas les possibilités d’orientation. Ils n’ont pas les informations !”, commente Cristina Bala, directrice de STEA. 

 

 

Développer le pouvoir d’agir par la transmission de savoir-faire professionnels et artistiques

Quelques-unes des clés relèvent de la mobilisation communautaire visant à ce que les jeunes soient davantage acteurs de leur propre développement. Plus précisément, il s’agit de travailler ensemble sur l’estime de soi et la confiance en soi par une approche socio-éducative visant in fine leur autonomisation progressive. C’est ce sur quoi insiste Sergio Pudina, journaliste vidéaste : “Notre approche consiste à éviter que nous soyons en posture haute ou encore que nous les marginalisions. Ces reportages doivent être utiles pour tous les adolescents. C’est le point de départ”.

 

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Le leitmotiv des animatrices, Bianca Mititel et Diana Savianu et de Sergio Pudina, c’est l’empowerment ! Le but du projet est de voir comment, à travers leurs pratiques professionnelles avec les jeunes, ils peuvent développer leur pouvoir d’agir individuel et collectif. Pour ce faire, les jeunes sont les acteurs du projet. “Ils peuvent parler et choisir le langage qui est adapté aux autres jeunes. Ils trouvent eux-mêmes les questions qui les intéressent. Ce sont les leurs. C’est vraiment du proactif : il y a beaucoup de sens à faire cela”, explique Diana Savianu. Ils découvrent ainsi le métier de journaliste d’investigation en expérimentant avec enthousiasme les savoir-faire et les compétences sociales que cela requiert. 

 

 

Les professionnels au cœur des enjeux de coopération

La coopération, c’est celle des animatrices avec l’artiste, mais aussi de l’artiste et des animatrices avec les jeunes. Albane Buriel, salariée d’Action Education, réalise un suivi pédagogique qui servira également à son travail de thèse en science de l’éducation. Elle accompagne l’équipe par une ingénierie didactique coopérative. Il s’agit, par une méthode de recherche itérative, de concevoir, mettre en œuvre et analyser ces activités artistiques. Ces analyses a priori et a posteriori permettent de mettre en relief les conditions d’une entrée effective dans l’empowerment. “Ces conditions ont souvent attrait à la manière d’accompagner ces jeunes et des interactions qui se déroulent finement dans les processus à l’œuvre durant les activités : c’est la manière de guider et de ne pas faire à la place des jeunes”, souligne-t-elle.

 

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Tout le monde a des compétences spécifiques qu’il met en œuvre pendant ces ateliers y compris les jeunes. Ils y expriment leurs idées, leurs envies et développent une cohésion de groupe. La coopération entre pairs est essentielle ! C’est également une visée importante du projet. Durant les activités, les temps en petits groupes sont privilégiés. L’équipe travaille sur le partage des tâches et le dialogue pour que chacun trouve sa place et puisse développer les compétences qu’il souhaite. Les jeunes améliorent leur sentiment d’efficacité collective, le développement de soi, et leur apprentissage culturel qui dépasse alors le seul cadre du projet. L’empowerment est constitué de ces multiples facettes !

 

 

Le passage à l’action !

Les jeunes apprennent en incarnant différents rôles notamment dans le cadre d’interviews par pairs. Ils préparent les visites de terrain où ils le feront en situation réelle. Ils conçoivent des questions pertinentes, anticipent les dialogues possibles et créent les scénarios de tournage. Après l’immersion dans le plateau de tournage et l’usage de l’équipement complexe (prompteur, lumières, réflecteur, micros, trépied, etc.), ils peuvent maintenant se les approprier. Les compétences sociales sont primordiales pour le métier : l’écoute active pour pouvoir interagir efficacement, l’adaptation du langage, notamment la concision et la clarté des propos. Les captations sont aussi des moments où on doit savoir maintenir le calme ! 

 

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Lors des différents ateliers d’expérimentation, les aspects techniques sont guidés par le journaliste-artiste et tout le monde est à l’œuvre.  Les jeunes sont amenés à faire plusieurs prises qui nécessitent patience et persévérance. “Les jeunes s’entraident beaucoup : une des jeunes a aidé une autre jeune à se coiffer et lui a mis un coussin sur le siège pour qu’elle soit à la même hauteur que son interlocuteur lors de l’interview”, relève Bianca Mititel. Les professionnels y voient de nombreux aspects positifs notamment dans la prise de risque pour dépasser leurs craintes grâce à l’engagement dans le collectif. Le projet est conduit jusqu’à fin août 2023. L’équipe est aujourd’hui fin prête à passer à l’action en conditions réelles. Il n’y a plus qu’à attendre le clap final pour voir le résultat ! 

 

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