Au Burkina Faso, les enseignants et les élèves contraints de fuir leurs écoles

Crédit photo : Aide et Action

En raison de l’insécurité liée à la menace terroriste, dans l’Est du Burkina Faso, de nombreux enseignants et élèves sont obligés de fuir leurs écoles et même leurs villages. Pour palier cette situation et maintenir une certaine continuité pédagogique, Aide et Action les accompagne et les soutient dans leur déplacement.

Ounténi Noula, directeur de l’école primaire de Koulfo, à l’Est du Burkina Faso, a été contraint de fuir son école durant l’année scolaire 2020-2021. Et pour cause, la menace terroriste, très forte dans la zone, ne permet pas de continuer l’éducation classique. Déplacé dans le chef-lieu de la commune, Manni, tout comme une majorité des élèves en classe d’examen, ils ont tous été pris en charge par les autorités communales et Aide et Action.

Des conditions d’enseignement particulièrement difficiles

À travers le projet Ecole Eclairée centre de Ressources pour une Education de Qualité (EECREQ), développé en partenariat avec l’Agence Française de Développement (AFD), Aide et Action accompagne les élèves dans la préparation des examens de fin d’année. Malgré le contexte difficile, cette année, une moyenne de 60% des élèves ont obtenu le Certificat d’études Primaires (CEP). C’est l’étape cruciale qui leur ouvre les portes du collège. 

Impuissants face aux terroristes qui dictent leur loi dans plusieurs zones du Burkina Faso, les enseignants sont tendus. Les conditions d’enseignement avec des effectifs pléthoriques ne sont pas des plus faciles. Mais, malgré les risques, ils tiennent à l’éducation des enfants pour réduire le décrochage scolaire et surtout pour éviter le risque que les jeunes ne deviennent des recrues potentielles des groupes terroristes. 

Se battre pour maintenir les enfants dans le système éducatif

« J’étais directeur de l’école de Koulfo. Suite à l’attaque du village par des terroristes, nous avons fermé l’école l’année passée. Je viens d’être redéployé à l’école de Manni Est comme directeur, témoigne Ounténi NOULA, directeur de l’école primaire publique de Manni Est. Aide et Action nous a beaucoup soutenu sur les plans nutritionnel et sanitaire suite à la fermeture de l’école de Koulfo et le déplacement des élèves en classe d’examen à Manni. Nous avons essayé de récupérer le maximum de nos élèves pour qu’ils ne sortent pas du système éducatif. Suite au déplacement des élèves à Manni, des parents d’élèves ont reçu des menaces leur intimant l’ordre de faire retourner les enfants Koulfo. J’ai personnellement reçu des appels de parents d’élèves nous demandant laisser revenir au village leurs enfants. Je me suis opposé à cela. On ne peut pas sacrifier l’avenir de nos enfants. Nous avons tenu et ils ont abandonné cette exigence. Les enfants sont avec nous à Manni et nous poursuivons les cours. L’enjeu aujourd’hui c’est l’avenir des enfants. J’encourage mes collègues à tenir le cap. Si nous abdiquons, les enfants risquent de se retrouver dans les mains des terroristes. Aujourd’hui, nous avons des classes de plus de 110 élèves. C’est une situation exceptionnelle que nous essayons de gérer au mieux pour le maintien à l’école de tous. » 

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