Burkina Faso : libérer la parole pour lutter contre les inégalités de genre

A l’occasion de la Journée internationale des droits des enfants (20 novembre), Action Education rappelle qu’être informé et participer sont déterminants pour garantir les droits des enfants. Au Burkina Faso, plusieurs jeunes filles que nous accompagnons sont confrontées à de nombreuses difficultés dès l’arrivée de leurs premières règles. L’atelier que nous avons co-organisé leur a permis de revenir sur les inégalités et discriminations qu’elles subissent et de montrer que parler ouvertement des tabous leur garantit un accès à leurs droits sexuels et reproductifs. 

Au Burkina Faso, l’accès et le maintien des filles, notamment au secondaire, restent un défi à relever : la pauvreté des parents, les mariages précoces, les grossesses précoces et non désirées, la priorité accordée au garçon, sont entre autres des raisons de la déscolarisation des filles. La puberté, et l’arrivée de leurs règles, représentent également une raison d’abandon. Douleurs abdominales, sensation de malaise général, absence de latrines à l’école, railleries des garçons font que la période des menstrues est redoutée pour beaucoup de jeunes filles. Pour celles qui ignorent tout de cette puberté, et elles sont nombreuses encore, l’expérience est encore plus redoutable, voire traumatisante. Les jeunes filles, surprises par l’arrivée des règles, ont peur pour leur santé et se renferment sur elles-mêmes. Beaucoup n’ayant pas de protection adéquate car trop cher ou introuvable préfèrent rester chez elles pour éviter d’être tâchées et moquées en public. 

« J’ai eu mes premières règles en classe de 5ème . Ce jour, j’ai quitté l’école et à mon arrivée à la maison, j’ai constaté des gouttes de sang sur mes sous-vêtements. Je me demandais ce qui m’arrivait. J’avais très peur. Ma mère a constaté mon état et a voulu savoir ce que j’avais mais je n’ai pas voulu lui parler. Je me suis confiée à ma soeur. Je pleurais en lui disant que j’allais mourir vu le sang que je perdais. », explique Anne Marie LOMPO, élève en classe de 1ère A4 au Lycée privé Espoir de Léo

Burkina Faso, libérer la parole, sensibilisation

Libérer la parole pour briser le tabou autour des règles

Dans le cadre de la Journée Internationale des Droits des Filles, le 11 octobre, l’un de nos partenaires l’Association pour la promotion de l’éducation des filles et l’autonomisation des femmes (APEFAF) a organisé une campagne de sensibilisation sur les menstruations au Lycée privé Espoir de Léo, chef-lieu de la province de la Sissili. Action Education à travers le projet SCOLFILLE a soutenu cette activité déterminante pour le bien-être, l’hygiène, la santé et l’avenir scolaire des jeunes filles. Mamou SANOU, cheffe du projet SCOLFILLE pour Action Education, a participé à l’animation de cette la session de sensibilisation.

Hygiène menstruelle, droits sexuels et reproducteurs

Plus de 350 filles de la sixième à la terminale ont participé à la séance de sensibilisation. Celle-ci a notamment offert aux jeunes filles la possibilité de poser toutes leurs questions sans tabou, ni moquerie et aux animatrices de leur répondre de manière précise, constructive et ouverte. Permettre aux jeunes filles de parler librement, ouvertement, les inciter à participer, à s’exprimer est essentielle : non seulement, les jeunes filles comprennent l’absence de honte et de tabou à parler de leurs corps et de l’arrivée de leur puberté, mais elles comprennent également qu’elles ont le droit d’être informés et de participer aux échanges sur toutes les questions qui les concernent.

Renforcer le pouvoir d’agir : fabriquer des serviettes hygiéniques 

Cette séance de sensibilisation, porte d’entrée d’une éducation plus complète aux droits sexuels et reproductifs, a été suivie d’une session de formation sur la confection de serviettes hygiéniques à partir de pagnes. Les protections hygiéniques de qualité sont encore très rares, voire trop chères et restent difficiles à obtenir. L’atelier a donc permis aux jeunes filles de ne plus subir mais d’être en mesure de fabriquer leurs propres protections hygiéniques de manière à pouvoir sortir et continuer à aller à l’école sans problème ni honte. Elles ont ainsi acquis un pouvoir d’agir, déterminant et essentiel tant pour garantir leur santé, leur hygiène que pour continuer d’aller à l’école sans crainte de devoir s’absenter de l’école au minimum 1 semaine par mois.

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