Le nombre d’enfants non scolarisés est en hausse pour la première fois depuis des décennies. Sans mobilisation immédiate de tous les Etats, ce chiffre continuera probablement d’augmenter, privant ainsi des millions d’enfants, d’hommes et de femmes de leurs droits fondamentaux, alerte Action Education à l’occasion de la Journée Internationale de l’Education 2024 (24 janvier).

Le droit à l’éducation pour tout individu est inscrit dans la Déclaration des droits humains et réitéré dans la Convention relative aux droits des enfants, le premier texte juridiquement contraignant à reconnaître les enfants comme des sujets de droits à part entière. Mais malgré l’adoption et la reconnaissance de ces textes depuis des décennies, 1948 pour le premier, 1989, pour le second, le droit à une éducation de qualité est loin d’être une réalité partout dans le monde.

 

250 millions d’enfants privés de leur droit à l’éducation

Pire encore, ce droit recule. En dépit d’une mobilisation générale pour que progresse l’éducation pour toutes et tous depuis les années 1980, 250 millions d’enfants sont toujours sur le bord de la route en 2023. Un chiffre qui stagne depuis plusieurs décennies, notamment en raison de la pauvreté et des inégalités sociales et de genre.

Mais cette année, ce chiffre a connu une hausse soudaine de plus de 6 millions. Celle-ci s’explique en grande partie par les conséquences des crises et conflits, qui n’ont cessé de se multiplier au cours des dernières années (impacts de la crise COVID, augmentation des coûts des matières premières et de l’énergie, conflits et décision des Talibans en Afghanistan de ne pas autoriser l’éducation pour les filles) et qui ont conduit à une déscolarisation massive des enfants, notamment des filles et adolescentes.

 

Des enfants privés de leurs droits fondamentaux

Pour ces jeunes filles et ces garçons, souvent très pauvres et discriminés, être privés d’éducation ce n’est pas seulement ne pas savoir lire, écrire ou compter. C’est également être privés d’un repas chaud minimum par jour, de soins, de protections et de jeux.

Pour celles et ceux vivant en situation de crises prolongées ou de conflits, la situation est encore plus dramatique. Ils sont aujourd’hui 224 millions d’enfants à vivre en situation de crises et à avoir un besoin éducatif urgent. Parmi eux, 127 millions d’enfants ne sont pas du tout scolarisés. Pour ces enfants, n’ayant parfois connu que la guerre, les violences et la peur, le traumatisme est absolu. Plus que jamais, sans école, ils se retrouvent seuls, sans aucun professionnel de l’enfance capable de les soutenir, sans soutien psychosocial, sans repère autres que les violences et privations quotidiennes, sans capacité à se reconstruire et à envisager un futur différent.

Deux enfants africains se tenant désespérément devant un champ de blé brûlé, symbole de la crise climatique et du réchauffement de la planète.

Deux enfants africains se tenant désespérément devant un champ de blé brûlé, symbole de la crise climatique et du réchauffement de la planète.

 

Des financements adéquats pour faire du droit à l’éducation une réalité

Quel avenir auront ces enfants et ces jeunes, privés de leurs droits fondamentaux ? Quels citoyens pourront-ils devenir et comment pourront-ils contribuer à la société de demain ? Ils ne le pourront et nous serons toutes et tous responsables.

Le droit à l’éducation pour toutes et tous est une priorité pour un monde juste et durable demain, comme la totalité des Etats l’ont affirmé en adoptant en 2015 les Objectifs de développement durable (ODD). Mais à moins de 7 ans de l’atteinte des ODD, le clamer ne suffira plus. Il est temps de cesser les beaux discours sur l’éducation vertueuse pour toutes et tous sans y allouer les moyens RH et financiers nécessaires : les Etats doivent allouer 15 à 20% des dépenses publiques à l’éducation nationale comme le recommande l’UNESCO depuis des décennies et les pays donateurs au moins 10% de leur Aide publique au développement à l’éducation de base.

Enfin, l’éducation en situation d’urgence, reconnue 4ème pilier de l’action humanitaire, doit définitivement cesser d’être le parent pauvre (les fonds pour l’éducation en situation d’urgence ont reçu 1.1 milliard en 2022 contre plus de 3 milliards de besoins estimés). Sans financement adéquat et confrontée à une multiplication de crises qui ne manqueront pas de se multiplier, à commencer par celle du climat, l’éducation pour toutes et tous, restera un mythe inatteignable, laissant un nombre croissant d’enfants et de jeunes de côté et mettant en péril l’avenir même du monde.

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