Pourquoi le jeu est si important pour le développement des enfants ?

Rien de plus naturel pour des enfants que de jouer. Ils manipulent, ils explorent. Trois cailloux jetés en l’air, un bout de bois, une ficelle, et le tour est joué. Dès la naissance, le jeu est une porte d’entrée sur le monde, et donne à l’enfant des clés pour interagir et mieux comprendre son univers. Ce n’est pas un hasard si jouer est depuis 1989 l’un des droits fondamentaux inscrits dans la Convention relative aux droits de l’enfant (CIDE). Pas à pas, le jeu permet le développement intellectuel, social, sensoriel, moteur et favorise l’apprentissage du langage. Plus tard, il permet à l’enfant de suivre une logique, un raisonnement ; il lui donne des règles, un but précis, et l’incite à s’impliquer dans celui-ci et atteindre des objectifs. Découvrez comment Action Education intègre le jeu à ses programmes de terrain.

L’importance du jeu dès la naissance

Dès leur venue au monde, et jusqu’à environ 3 ans, les enfants ont besoin de se définir et d’affirmer leur présence dans l’espace grâce à des jeux sensoriels. Les variations sonores, les mouvements de couleurs ou la diversité des textures leur permettent de mesurer leurs aptitudes physiques, d’éprouver leurs limites et de comprendre l’influence qu’ils peuvent avoir sur leur environnement. En se confrontant au réel, le jeune enfant  ouvre la première porte vers son imaginaire. 

Au-delà de ce développement cognitif et émotionnel, le jeu est aussi un véritable terrain d’endurance physique pour le bébé, qui alimente à une folle allure sa motricité, sa coordination et son tonus, et contribue à une croissance saine.

Ce que fait Action Education

Chez Action Education, nous le savons : la stimulation et le développement des très jeunes enfants, avant même leur entrée à l’école, est un facteur de réussite scolaire, aussi nous accordons une place prépondérante aux soins accordés dans leur toute petite enfance. Le jeu ne fait pas exception dans l’environnement que nous mettons en place pour les accueillir. Au Vietnam, par exemple, il tient un rôle central dans le déploiement de notre projet « Promoting Quality and Inclusive Early Childhood Care, Education (ECCE) and Parenting in Vietnam », dont les premières phases, menées en 2022, ont permis d’équiper 3 écoles maternelles et 21 écoles satellites en matériel ludo-éducatif. Ainsi, avec un don de 50 euros, nous pouvons par exemple y fournir un ensemble de livres et de jeux éducatifs pour 20 enfants. 

Le jeu : un enjeu d’autonomie de 3 à 6 ans

De 3 à 6 ans, c’est la période bénie des jeux de représentation, le royaume de la transgression par la créativité. Le jeu donne alors du pouvoir à l’enfant car il est l’exutoire de prédilection, qui lui permet de réguler ses émotions. En mimant, en parodiant les adultes, en jouant « les méchants », l’enfant exprime ses joies mais aussi ses peurs ou rancunes. Le « faire semblant », alors à son apogée, est le terrain idéal pour appréhender, plus tard, des situations que l’enfant n’aura pas vécues. C’est la fin du « moi tout puissant » éprouvé par les bébés, et le début de la compétence sociale et de l’empathie.

Ce que fait Action Education

Particulièrement conscients de l’impact du jeu à cette période fondatrice, les équipes d’Action Education cherchent à innover constamment pour l’inscrire dans leurs programmes éducatifs. C’est notamment le cas au Laos où le programme « Apprendre par le jeu » a déjà été mis en place dans 30 établissements. Il s’agit pour nos équipes de répondre à plusieurs problématiques dont un obstacle majeur : les enfants issus des communautés rurales Hmong , que nos équipes accompagnent, ne parlent pas la langue officielle d’enseignement, le lao. Le jeu est donc une porte d’entrée idéale pour s’initier à cette nouvelle langue. Grâce au programme, plus de 6000 enfants ont eu accès à des jeux de lecture, des activités sportives, des ateliers artistiques ou scientifiques et à des bibliothèques mobiles.

Ci-dessous, une vidéo d’une chanson-jeu, animée par une de nos employées dédiée au programme : 

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Les résultats parlent d’eux-mêmes :

  • Les enseignants observent une amélioration du vocabulaire, ainsi qu’un intérêt et des performances accrus pour les activités liées au programme scolaire. Ils ont également observé que les enfants étaient davantage motivés pour apprendre. De nombreux enseignants ont par ailleurs adopté une approche alternative de leur pratique, en considérant le jeu comme une nouvelle porte d’entrée vers les savoirs académiques.
  • Les enfants se développent sur le plan physique, social et émotionnel et voient leur créativité et leurs compétences linguistiques améliorées.  Ils s’engagent avec joie et enthousiasme dans ces activités, et cette joie et cet enthousiasme sont ensuite transférés à des activités scolaires plus traditionnelles, ce qui entraîne de meilleurs résultats. Un enseignant témoigne : « Je pense que ce projet donne aux élèves le goût d’apprendre, les aide à mieux lire et à inclure du nouveau vocabulaire dans leurs phrases. » 

A partir de 7 ans : suivre les “règles du jeu” et s’intégrer 

En grandissant, l’enjeu d’appartenir à un groupe se fait de plus en plus crucial chez les enfants. Cette collectivité désirée se traduit notamment par l’importance croissante de “règles à suivre” dans les jeux choisis. Les jeux d’imitation sont au fur et à mesure remplacés par des jeux de fiction totale ou par des jeux de société, où la notion “communautaire” prévaut dans le mot même de “société”. Les règles, loin de brider l’imagination, stimulent la créativité de l’enfant en lui imposant de faire des choix conscients et stratégiques pour que l’issue du jeu lui soit favorable.

Sur le terrain avec Action Education

En Inde, la pandémie de Covid 19 a entraîné une déscolarisation très massive. Pour répondre aux pertes d’apprentissage causées par la la fermeture prolongée des écoles dans les zones rurales de l’Assam, le projet « Addressing COVID Learning Gaps » (ACLG) est une initiative menée par Action Education. Ce programme vise à aider les enfants à combler ces lacunes d’apprentissage en organisant des cours de rattrapage et des activités ludiques spécialement conçus pour eux. Ainsi le “jeu des nombres”, dont vous voyez une partie ci-dessous, permet de lier l’amusement à l’apprentissage des mathématiques. Il s’agit pour les élèves de s’organiser pour reproduire un nombre énoncé, ou à calculer, grâce a des feuilles où sont inscrits les chiffres de 0 à 9.

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L’adolescence ou le jeu comme défi pour être adopté par ses contemporains

Chez les plus grands, ce besoin d’être un membre à part entière d’un clan atteint son paroxysme. Les jeux de tactique ont un poids croissant pour se révéler parmi le groupe. C’est aussi une période ou les jeux de transgression et le besoin de défi peuvent mener à certaines dérives pour être accepté par ses pairs. On éprouve son corps à la douleur au bras de fer, on met sa peur de côté dans des concours de saut ou d’escalade… Flirter avec les limites fait partie des rites d’initiation de cet âge singulier. C’est aussi une période de grande vulnérabilité, qui peut engendrer des comportements d’oppression, de colère, de violence ou de harcèlement envers ceux qui sont pressentis comme “en dehors de groupe”. 

Sur le terrain avec Action Education

Pour répondre à ces situations délicates, Action Education développe auprès des jeunes des programmes artistiques et théâtraux, dans lesquels le jeu a toute sa place. C’est le cas en France avec les sessions de théâtre forum ou en Bulgarie avec le projet Power. 

  • En France, le “Théâtre Forum” permet, grâce à une participation collective, de parler et d’imaginer collectivement des solutions aux problèmes rencontrés par les adolescents. C’est une technique de théâtre interactif qui permet le débat et la proposition de pistes pour faire évoluer des situations de blocage. Cette forme de théâtre, imaginée au Brésil pendant les années de dictature, a été popularisée en France sous le vocable de « théâtre de l’Opprimé ». Animée par une troupe de comédiens, elle propose au public de se plonger, en assistant à une courte saynète, dans une situation tendue à laquelle les différents personnages ne trouvent pas d’issue. Dans un second temps, le public est invité, lors d’une seconde représentation de la même saynète, à proposer, en se substituant au personnage qu’ils auront choisi, des moyens de réduire la tension et les blocages.

Au travers des saynètes, construites à partir de situations réelles en faisant parfois appel à celles ou ceux qui les ont vécues, nous amenons le public à prendre mieux conscience du rôle qu’il peut jouer et à comprendre les ressorts de telles situations.

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  • En Bulgarie, Action Education s’est associée à Médecins du Monde Bulgarie pour développer le projet Power, visant à renforcer le pouvoir d’agir des habitants de Nadejda, un quartier marginalisé de Sliven en Bulgarie, entouré de murs et de barbelés et relié au reste de la ville par un tunnel passant sous la voie ferrée. L’idée de peindre le tunnel en collaboration avec la Visionary Foundation et différents artistes, est venue du besoin de changer les représentations que le reste de la population a sur le quartier de Nadejda.

Des rencontres ateliers ont donc été organisées avec les jeunes du quartier de Nadejda, afin que les artistes puissent s’inspirer d’eux, emprunter des histoires de leur vie quotidienne, de leurs rêves, et commencer à travailler sur les fresques. 

“Nous avons eu une réunion avec des enfants de différents âges, et ce qui me frappe , c’est qu’ils sont un peu comme une toile blanche et qu’ils n’ont pas vraiment intégré la notion de rêve. Quand je leur ai demandé à quoi ils rêvaient, ils ne savaient pas.  J’ai aussi travaillé avec d’autres enfants, et la réponse était toujours “je rêve d’être astronaute”, “je rêve d’avoir une maison”, “je rêve d’avoir un foyer”, “je rêve de conduire une voiture”. Et ce que je voulais faire  c’était leur laisser quelque chose pour les encourager à rêver et à développer leur imagination, à construire un monde d’enfant peuplé de personnages, pour qu’ils aient leur espace de liberté ”

Tochka

artiste

Bien plus encore qu’une brèche ouverte sur l’imaginaire des jeunes, le recours à l’art et au jeu, est un puissant exutoire, voire le seul, pour exprimer leurs traumatismes et cheminer vers la résilience.

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