Lutte contre le travail des enfants : pourquoi Action Education demande aux gouvernements d’investir dans l’éducation ?

Crédits photo : Charlotte Fortun

2025 devait être l’année limite fixée par l’ONU pour éradiquer le travail des enfants, lors de la signature des Objectifs de Développement Durable de 2015. A deux ans de l’échéance, c’est pourtant un dramatique constat qui se dessine. Pour la troisième année consécutive après des décennies de progrès, le travail des enfants est en augmentation. Action Education en appelle aux dirigeants pour investir dans des systèmes éducatifs gratuits et de qualité pour toutes et  tous, seul rempart contre la pauvreté et le recours au travail forcé !

 

Un constat préoccupant

160 millions d’enfants, soit près d’un enfant sur dix, travaillent dans le monde. Tel est le constat édifiant des délégués réunis en mai 2022 à l’occasion de la 5éme Conférence mondiale sur l’élimination du travail des enfants. Plus inquiétant encore : le travail des enfants a particulièrement augmenté dans le groupe d’âge des 5 à 11 ans. Tandis que la proportion d’enfants exerçant des activités à risque accru de blessure, de maladie et de décès augmente également.

Et le Directeur de l’Organisation Internationale du Travail, Guy Ryder, de rappeler, dans un discours alarmant : 

« Certains diront peut-être que le travail des enfants est une conséquence inévitable de la pauvreté et que nous devons l’accepter. Mais c’est faux. Nous ne pouvons jamais nous résigner au travail des enfants. Nous n’avons pas à le faire. Il est essentiel de s’attaquer aux causes profondes, comme la pauvreté des ménages. Mais ne vous y trompez pas, le travail des enfants est une violation d’un droit humain fondamental, et notre objectif doit être que chaque enfant, partout, en soit libéré. Nous n’aurons pas de repos avant d’y arriver. »

Infographie chiffres clés sur le travail des enfants

Un an plus tard néanmoins, à l’aube de la 21ème journée mondiale contre le travail des enfants du 12 juin, les appels à la mobilisation urgente qui ont clos la conférence ne semblent toujours pas entendus. Le fléau du travail des enfants continue de se répandre tel une épidémie sans qu’aucun vaccin ne soit à l’ordre du jour, aux antipodes des droits de l’enfant garantis par la CIDE, que 197 Etats se sont engagés à respecter. Pourtant, ce n’est pas une fatalité et des solutions très concrètes existent pour y remédier. 

 

Une cause avérée : la pauvreté extrême

Jeune fille en pleine corvée d'eau au Burkina-FasoLe travail des enfants a pour principale cause la pauvreté extrême. Elle contraint les familles démunies, le plus souvent à contre-cœur, à mettre leurs enfants au travail pour améliorer leurs revenus. Au cours de la dernière décennie, la multiplication des crises économiques, l’aggravation des conflits et l’inefficacité des politiques économiques et sociales dans de nombreux pays ont conduit à une augmentation du nombre de ménages vivant avec moins de 1,90 dollar par jour et corollairement à une hausse du travail des enfants. La pandémie de COVID-19 et les mesures de restrictions sociales, qui ont entraîné un ralentissement brutal de la croissance mondiale, une hausse drastique du chômage et privé des millions de personnes de moyens de subsistance, ont assené un coup fatal. 

La Covid-19 et les crises économiques : facteurs d’aggravation

Pour les populations les plus vulnérables qui n’ont accès à aucune protection sociale, le choc a été d’une violence extrême. Plus de 200 millions de personnes supplémentaires ont ainsi basculé dans l’extrême pauvreté suite à la pandémie. Et ce nombre pourrait atteindre 1 milliard d’ici 2030.La hausse des prix de l’énergie et des denrées alimentaires, observée depuis 2022, ont également forcé de nombreux ménages à déscolariser leurs enfants pour les mettre au travail et garantir ainsi un peu d’argent supplémentaire pour la survie du ménage.   

Les nouvelles crises économiques ou politiques, les catastrophes climatiques ou de nouvelles pandémies ne manqueront pas de faire basculer des millions de personnes dans une pauvreté toujours plus extrême. Les enfants seront donc davantage mis au travail dans des conditions potentiellement dégradées, tandis que beaucoup d’autres pourraient être contraints aux pires formes de travail. Ce scénario catastrophe peut et doit être évité. 

Un scénario catastrophe à éviter à tout prix

Photo d'un père et de son enfant dans le cadre de la sensibilisation contre le travail des enfants« Vivre de la pêche est devenu extrêmement difficile depuis trois ans. Avant je pouvais gagner jusqu’à 25 dollars par jour, maintenant, si je gagne 10 à 12 dollars, c’est bien. Il y a des jours où je ne gagne rien. Notre situation financière est dramatique. Après la classe, ma fille ramasse des canettes vides à vendre pour gagner une petite somme pour l’école, mais ce n’est plus suffisant. Beaucoup d’enfants font ça, donc il y a peu à trouver et à revendre » témoigne Kin Bun, 37 ans, pêcheur dans le village de Koh Kchorng, au Cambodge. 

Pour faire face à ces situations dramatiques, Action Education permet aux populations les plus vulnérables de se former à de nouveaux moyens de subsistance pour améliorer leurs revenus et propose des bourses scolaires, payant les frais d’inscription, les uniformes, le matériel, et même la nourriture, pour maintenir à tout prix les enfants à l’école. Mais cela ne suffira pas. 

Action Education demande donc aux gouvernements de reconnaître en urgence l’ampleur du problème et ses conséquences sur des millions de familles et d’enfants et de mettre en œuvre, au-delà des structures légales et réglementaires (âge minimum du travail, conditions de travail, outils et mécanismes pour contrôler le travail des enfants), des politiques qui proposent aux familles des activités qui leur permettent de vivre décemment sans recours au travail des plus jeunes, de mettre en place une couverture sociale universelle, de multiplier les campagnes d’informations pour sensibiliser aux dangers du travail des enfants. 

Plus que tout, les gouvernements doivent enfin garantir (comme ils s’y sont engagés aux Nations Unies en septembre 2015) une éducation gratuite et de qualité à tous les enfants. En apprenant à tous, filles et garçons, à lire, écrire, compter, en faisant d’eux des citoyens et citoyennes autonomes et éclairés capables d’obtenir un travail rémunéré et décent, elle saura convaincre les familles de l’importance de l’éducation et les protégera des pièges du travail des enfants. 

Ressources complémentaires

 

 

Sur le même thème :

Les projets liés :

fr_FR