Crédit photo header : Julie PUDLOWSKI
L’ONG internationale Action Education tire la sonnette d’alarme : plus de 773 millions d’adultes, dont deux tiers de femmes, sont analphabètes et 250 millions* d’enfants ne sont aujourd’hui pas scolarisés. Privés de leurs droits fondamentaux, notamment à l’éducation, enfants et adultes, hommes et femmes, se retrouvent exposés à une très grande précarité et à l’exclusion sociale. Dans sa nouvelle campagne de sensibilisation, Action Education dénonce cette situation intolérable qui risque de s’aggraver sous l’effet des crises qui ne cessent de se multiplier et mettent en péril l’avenir des plus jeunes générations.
Plus d‘un milliard de personnes ne savent aujourd’hui ni lire, ni écrire et sont exposés à la plus grande précarité économique et sociale. Ce nombre stagne depuis plus de deux décennies, faute de volonté politique et de moyens humains et financiers dédiés. Sachant que 250 millions d’enfants ne sont aujourd’hui pas scolarisés – un chiffre en hausse – et que 222 millions d’enfants en situation de crise ont un besoin éducatif urgent, il est fort à parier que le nombre de personnes en situation d’analphabétisme augmentent dans les prochaines années.
Qu’elles soient politiques, économiques, sécuritaires ou climatiques, ces crises auxquelles les populations doivent faire face alimentent un cycle intergénérationnel de pauvreté et pointent un réel manque d’éducation. La situation est d’autant plus alarmante que même les enfants ayant accès à l’éducation sont confrontés à des conditions d’apprentissage extrêmement précaires : classes surchargées, manque de formation des enseignants et absence de matériel pédagogique adéquat. 2 enfants sur 5, soit 392 millions** d’enfants, qui commencent l’école aujourd’hui ne sauront pas lire ou comprendre un texte simple à l’âge de 10 ans.
Des conséquences dramatiques, en particulier pour les jeunes
Jusqu’à quand laissera-t-on s’aggraver une telle situation ? s’interroge l’ONG internationale Action Education qui lance aujourd’hui une nouvelle campagne de sensibilisation « Savoir Lire ». Les visuels, qui nécessitent l’utilisation d’un QR Code pour être lus, plongent le grand public dans la peau d’une personne ne sachant ni lire ni écrire.
« On oublie trop souvent à quel point ne pas savoir lire ni écrire a des conséquences dramatiques au quotidien. Adulte, vous ne pouvez pas faire vos courses, obtenir des soins, remplir des documents administratifs, et vous n’êtes pas en mesure d’accompagner vos enfants sur le chemin de l’éducation. Pour les plus jeunes, c’est une condamnation à mort : sans éducation, il n’y a pas de diplôme, pas de soins, pas de droit. Ils sont voués à un emploi précaire, dans l’économie informelle pour les plus chanceux. Les autres n’ont pas d’autres solutions pour survivre que d’être mariés de force, de sombrer dans la délinquance ou de rejoindre des groupes extrémistes. Il y a urgence aujourd’hui à faire comprendre l’importance d’une éducation de qualité, accessible à toutes et tous, sans aucune discrimination et tout au long de la vie. C’est la seule clef possible pour que les populations, notamment les plus vulnérables, puissent connaître leurs droits, les défendre, avoir un emploi, être citoyen et devenir actrices de changement. » explique Vanessa Martin, Responsable plaidoyer chez Action Education.
Place à des solutions concrètes face à des discours et des actes insuffisants
Les Etats se sont engagés, en 2015, à construire en 15 ans un monde durable, sans faim, ni pauvreté, et où tout un chacun aurait accès à 12 années d’éducation gratuite. « A mi-parcours, nous pouvons facilement constater que cette promesse ne sera pas tenue. Au-delà de l’explosion du nombre d’enfants non scolarisés, on constate malheureusement une grave crise des apprentissages. Même scolarisés, plus de 7 enfants sur 10 aujourd’hui dans les pays moins avancés ne savent pas lire une simple phrase », dénonce Vanessa Martin.
Face à cette situation intenable, qui met en danger l’avenir même du monde, Action Education demande une mobilisation des pouvoirs publics au plus haut niveau pour faire de l’éducation tout au long de la vie une priorité politique, pour y allouer enfin les moyens financiers et humains adaptés, pour recruter des enseignants formés et qualifiés et leur garantir des conditions de travail optimum….
En outre, l’ONG plaide pour le développement des dispositifs d’apprentissage pré-primaire aujourd’hui totalement laissé de côté – 175 millions d’enfants n’y ont aujourd’hui pas accès dans le monde – ainsi que la multiplication des classes passerelles, des cours de soutien et du tutorat, en particulier pour les enfants et les jeunes les plus vulnérables, notamment les jeunes filles, afin de prévenir l’échec scolaire ou la déscolarisation.
*Unesco 2022
**Child Atlas septembre 2023
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