Ateliers photos pour les enfants et adolescents de Nadejda

19 juin 2023

Action Education et Médecins du Monde Bulgarie ont animé des ateliers photo et multimédia pour les enfants et les jeunes du quartier ghettoïsé de Nadejda, du 7 au 13 avril 2023. Ces ateliers pratiques ont réuni une quarantaine de participants, très enthousiastes à l’idée d’exprimer leur point de vue sur leur environnement.

 

Ils s’appellent Eva, Anguel, Zdravka, Stefko, Alberta… Le plus jeune a 7 ans, les plus âgés 15 ans. Un appareil photo à la main, ils parcourent leur quartier et capturent ce qui retient leur attention. Tous originaires du quartier de Nadejda, ils participent à une semaine d’ateliers d’initiation à la photographie et à la vidéo.

 

Des conditions de vie très précaires

Nadejda est un quartier ségrégué de la ville de Sliven en Bulgarie. Ce quartier, entouré de murs et de barbelés, est relié au reste de la ville par un tunnel qui passe en dessous de la voie ferrée. Ses habitants, issus majoritairement de communautés Rom, vivent pour la plupart dans des conditions d’extrême précarité. 73% des habitants du quartier n’ont pas de salle de bain ou de douche, 66% n’ont pas de toilettes et beaucoup d’autres n’ont pas accès à l’électricité ou même à l’eau potable. Les enfants n’ont pas d’espace sécurisé pour se regrouper et jouer entre eux. Ils n’ont souvent pas d’autre solution que d’errer dans la rue ou d’aller jouer sur les voies ferrées.

Depuis 2021, Action Education s’est associée à Médecins du Monde Bulgarie pour développer le projet POWER, destiné à développer le pouvoir d’agir des habitants de Nadejda. Des activités éducatives et psychosociales quotidiennes sont conduites avec les enfants et les jeunes du quartier.

 

S’exprimer grâce à la photographie

Les ateliers, conçus sous forme ludique, ont démarré avec une première session destinée aux plus jeunes. Les enfants ont été invités à se réapproprier des photographies existantes en concevant et dessinant la partie hors-champ des images. 

 

dessin et photo d'un enfant au cours de l'atelier de photographie à Nadejda

Des échanges ont également eu lieu à partir de photographies montrées aux participants, permettant de les sensibiliser à la lecture des images et à la connaissance d’autres cultures. L’accent a été mis sur la possibilité de s’exprimer à partir de l’outil photographique. Lors des deux journées suivantes, les participants ont pu témoigner de ce qui fait leur quotidien, après une brève session destinée à la maîtrise des appareils photos.

Les ateliers en extérieur ont conduit les enfants et les jeunes dans tous les quartiers de Nadejda, dont la partie la plus défavorisée située au sud. Quatre communautés Rom coexistent à Nadejda (“Turcs” à l’ouest, “Musiciens” au nord, Gradetski à l’est et Vlaho au sud) avec des tensions entre elles, ce qui rajoute du rejet à des populations déjà très fortement discriminées. Certains jeunes ont été surpris de découvrir pour la première fois les conditions de vie de leurs voisins du sud.

Une journée a été consacrée à la réalisation d’une courte vidéo sous la forme d’interviews. Plusieurs enfants et jeunes se sont prêtés au jeu et se sont mutuellement questionnés sur ce qui pourrait être amélioré dans leur environnement. Deux éléments de réponse sont ressortis fréquemment : l’amélioration de la propreté ainsi que la création d’une aire de jeu pour les enfants.

enfants de Nadejda devant un appareil photo

Lors de la dernière journée, les participants ont été invités à passer devant l’objectif pour réaliser une série de portraits, chacune et chacun pouvant apporter son jouet, livre ou animal préféré.

Une première exposition du travail des enfants et des jeunes de Nadejda a eu lieu dans une galerie de la ville de Sliven. Les jeunes, qui font face quotidiennement à de nombreuses discriminations, ont été très fiers de voir leurs images exposées dans un lieu prestigieux.

Petar Malinov, chef de projet pour Médecins du Monde en Bulgarie, témoigne : « Très souvent, personne ne demande à ces enfants ce qu’ils pensent de ce qui se passe autour d’eux. Pourtant, lorsque nous le leur demandons, ils sont très heureux de nous donner leur avis. Il est important de trouver la forme qui convient à chaque enfant pour exprimer ce qu’il pense du monde qui l’entoure. Par exemple, si un enfant ne peut pas s’exprimer avec des mots, mais qu’il peut le faire avec des photos […] ou de toute autre manière artistique, il sera en mesure d’interagir plus activement avec les personnes autour de lui. […] Il pourra partager ce qu’il pense du monde qui l’entoure et trouver du soutien et de l’interaction auprès d’un plus grand nombre de personnes. »

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