Crédit photo : Naïade Plante
En Inde, les travailleurs migrants sont les plus durement touchés par les conséquences du confinement imposé par le gouvernement pour limiter la propagation du COVID-19. Suite à la fermeture des frontières inter-États indiens et à la perte de leur source de revenus du jour au lendemain, l’impact sur leur quotidien est considérable et dévastateur. Aide et Action adapte son intervention pour palier cette situation.
En Inde, près de 100 millions de personnes sont considérées comme des travailleurs migrants saisonniers. Déjà exposée à des conditions de vie particulièrement difficile en temps « normal », cette population est d’autant plus fragilisée par la crise liée au COVID-19. Le confinement imposé par le gouvernement les empêche de travailler et les prive donc de toute source de revenus. De plus, la fermeture des frontières inter-États indiens rend impossible un retour dans leur communauté d’origine. Ainsi, ils se retrouvent particulièrement isolés et démunis. Face à cette situation, Aide et Action adapte son intervention en développant plusieurs stratégies pour rester en contact avec ces communautés, avec lesquelles nous travaillons déjà au quotidien, et les aider à rester en sécurité.
Formation professionnelle : une réponse numérique
Tout d’abord, notre programme de formation professionnelle « iLEAD », est devenu numérique. Les équipes ressources ont créé plusieurs groupes Whatsapp avec les étudiants afin de partager des devoirs interactifs en ligne et ainsi entretenir leur motivation et leur apprentissage, malgré le confinement.
Les groupes Whatsapp aident également les équipes à connaître les conditions de vie d’anciens élèves qui se trouvent loin de chez eux. Par exemple, sur la base d’informations reçues concernant le non-paiement ou le paiement partiel de leurs salaires, Aide et Action a pu intervenir en contactant les employeurs concernés. Il leur a été rappelé l’obligation imposée par le gouvernement indien de verser un salaire complet aux employés. De même, nos équipes ont également partagé les contacts des services d’urgence au profit des anciens étudiants iLEAD qui en avaient besoin.
Migrants : un travail de plaidoyer auprès des autorités indiennes
La fermeture soudaine des chantiers de construction a contraint des milliers de migrants à quitter leurs lieux de travail et à se diriger vers leurs villages, sur des centaines de kilomètres, à pied, en l’absence de transport et, bien souvent, affamés. Dans les zones urbaines où nous mettons en œuvre nos interventions, nous avons réussi à convaincre certains propriétaires de briqueteries de fournir un abri et une ration de nourriture quotidienne aux familles de migrants encore sur place et ce jusqu’à ce que la période de confinement soit levée. De plus, nous avons pu plaider auprès des gouvernements des États indiens pour inclure les familles de migrants dans leur programme d’assistance et les soutenir en leur fournissant un kit d’aide alimentaire.
Migrants : un travail de sensibilisation à la prévention du COVID-19
Par ailleurs, nos volontaires ont sensibilisé les familles aux mesures sanitaires telles que maintenir l’éloignement social ou respecter les gestes d’hygiène de base. Dans les zones rurales, en particulier dans 3 districts – Balangir, Bargarh et Nuapada, en Odisha, nous avons créé un réseau de volontaires communautaires virtuels. Ce groupe, composé de 225 volontaires de 175 villages, surveille la santé des migrants rapatriés et soutient le gouvernement dans la mise en place des installations de quarantaine. L’objectif de ces structures est de fournir des conseils psychosociaux pour réduire le stress et l’anxiété liés à la pandémie, suivre l’état de santé des enfants et faire en sorte que le COVID-19 soit mieux connu des communautés. De plus, 521 familles de migrants ont reçu des rations de nourriture de la part des administrations des districts concernés. À Hyderabad, sur tous les chantiers de construction où intervient Aide et Action, environ 4 000 migrants, dont des enfants, reçoivent des plats cuisinés par le biais d’une initiative développée par le gouvernement de Telangana. Ce réseau communautaire virtuel sera bientôt reproduit dans toutes nos zones d’intervention auprès des migrants en Inde.
Un suivi des besoins nutritionnels et sanitaires via nos projets éducatifs
Concernant les projets d’Aide et Action initialement dédiés à l’accès à l’éducation, nos équipes ont entrepris des exercices de cartographie pour identifier les divers services d’urgence dédiés à la nutrition et à la santé existants. Les coordonnées des agents concernés sont préparées et partagées avec nos volontaires qui, à leur tour, aident les communautés en cas de besoin. Nous avons également collecté les rations alimentaires sèches, fournies par le gouvernement et d’autres organisations, et les avons distribuées aux familles vulnérables. Les comités de mères, déjà mis en place par Aide et Action avant la crise, sont désormais axés sur la nécessité d’assurer l’hygiène des membres de leur famille afin de limiter la propagation du COVID-19. Les enfants ont également été formés aux pratiques d’hygiène et à la nécessité de prendre des distances sociales.
Un soutien matériel anti COVID-19 pour les plus vulnérables
À Salem, où nous travaillons avec des fillettes atteintes du VIH-SIDA, nous avons créé une base de données d’informations regroupant les personnes clé à contacter en cas de besoin. Nos volontaires essaient de se procurer des masques pour toutes les filles et leurs familles qui courent, de fait, un risque accru de contracter le virus du fait de leur statut immunitaire.
À Trichy, où nous travaillons avec des filles dont les parents nettoient les latrines insalubres ou les fosses septiques, nous avons veillé à ce que les petites soient toutes gardées par des anciens de la communauté pendant que leurs parents travaillent. Les volontaires, qui vivent dans le voisinage, surveillent de près la santé et la sécurité des petites filles et les sensibilisent à la distanciation sociale et à l’hygiène.
À Delhi, dans le cadre de notre projet Pahal, nous avons fourni un soutien alimentaire à 125 familles de travailleurs.euses du sexe.
Enfin, à Assam, nous travaillons en étroite collaboration avec l’office national d’évaluation des catastrophes pour sensibiliser la communauté à la prévention de la propagation du Coronavirus. Nous faisons partie d’un comité travaillant sur le développement de matériel prescrit par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).