Lutte contre le travail des enfants : un combat de terrain

En matière de développement, certains reculs sont consternants. 2025 devait marquer la fin du travail des enfants, comme s’y étaient engagés les États signataires des Objectifs de développement durable en 2015 aux Nations Unies (ONU). Mais la pandémie de Covid-19 et ses conséquences économiques et sociales ont au contraire amplifié le fléau. 160 millions d’enfants  sont aujourd’hui forcés de travailler et de voir leurs droits fondamentaux bafoués.. Depuis plus de 40 ans, Action Education en appelle aux Etats pour mettre fin à ce drame et développe des programmes pour protéger ces enfants de toute forme d’exploitation. 

 

Nos programmes de lutte contre l’exploitation infantile

Migrations internes en Inde et protection des familles

 

En Inde, près de 100 millions de personnes sont considérées comme des travailleurs migrants saisonniers. Parmi elles, 10 à 15 millions d’enfants se retrouvent en situation d’extrême vulnérabilité. Déplacés au gré des mouvements familiaux, installés dans des bidonvilles insalubres et dangereux à proximité des usines, déscolarisés ; leur désœuvrement, leur isolement, et l’absence de cadre en font des proies faciles pour toutes formes d’exploitation et ils sont souvent contraints de travailler. 

Pour les accompagner au mieux, et les protéger, Action Education a noué en 2017 un partenariat local avec le gouvernement et l’association des briqueteries de Telangana pour leur proposer une solution éducative adaptée : nous avons installé des centres d’accueil des enfants directement dans les bidonvilles ou au sein des chantiers où travaillent les parents. Les enfants, de 0 à 6/7 ans, ont ainsi été pris en charge du matin au soir, par des éducateurs spécialisés, parlant leur langue natale, qui ont veillé à ce que leurs droits fondamentaux en termes d’accès aux soins, à la nourriture, aux jeux et à l’éveil soient assurés. Convaincus des bienfaits du programme par nos équipes, les propriétaires des usines à briques ont accepté de soutenir le programme, et les parents ont été soulagés de voir leurs jeunes enfants pris en charge, soignés, nourris et épargnés par le travail infantile.

Malheureusement, la pandémie de Covid-19 a mis un frein brutal aux efforts entrepris : la fermeture contrainte de nos centres de soin et d’apprentissage, et l’accroissement drastique de la pauvreté ont obligé les parents à remettre leurs enfants au travail. Progressivement, la réouverture des centres d’accueil pour les enfants de  travailleurs migrants, mis en place par Action Education dans 6 villes indiennes, leur a permis de retourner vers un enseignement pré-scolaire de qualité.

« Cette année, dès mon arrivée, j’ai été admise au centre d’accueil installé à la briqueterie. J’ai des enseignants dévoués qui nous proposent des jeux et des activités. Je vais au centre tous les jours, je profite de la compagnie de mes amis et je suis très attentive. », explique Jayanti, une petite fille de 10 ans. Ses parents sont des travailleurs migrants saisonniers, originaires de l’État de Chattisgarh, qui migrent chaque année vers le Telangana pour travailler dans une briqueterie. Les deux dernières années, Jayanti avait dû cesser ses études et aider ses parents à fabriquer des briques. 

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La détermination des acteurs locaux engagés pour le respect des droits des enfants et l’appui d’Action Education ouvre un nouvel espoir pour Jayanti et des milliers d’autres enfants.

 

 

Cambodge : l’éducation, un rempart contre le travail des enfants

 

Bien qu’un des pays les plus dynamiques de sa région, le Cambodge est particulièrement exposé aux crises climatiques, qui creusent les disparités entre les régions urbaines et rurales, en proie à une pauvreté galopante. Dans ce contexte, la protection des droits fondamentaux des enfants, dont le droit à l’éducation, est encore loin d’être acquise partout. Les conséquences économiques et sociales de la pandémie de COVID-19 ainsi que la hausse de l’énergie et des denrées alimentaires pèsent aujourd’hui encore  sur les plus démunis.

Il y a 10 ans, le travail était une réalité pour plus d’un tiers des enfants  de 5 à 14 ans au Cambodge, notamment le travail domestique. Ils menaient alors de front scolarité et tâches exténuantes et Action Education alertait déjà sur cette impensable équation. Aujourd’hui, les conséquences économiques qui ont suivi la pandémie, contraignent de plus en plus d’enfants à chercher un emploi rémunéré hors du foyer (dans les rizières, en usine, dans la construction ou en revendant ce qu’ils trouvent…quand ils ne rejoignent pas les réseaux de trafic de drogue ou sexuels), avec comme conséquences inéluctables de décrochage ou l’abandon scolaire. 

Le Consortium cambodgien pour les enfants non scolarisés, dont Action Education est le chef de file,  en partenariat avec Educate A Child, un programme mondial de la Fondation Education Above All, vise à scolariser plus de 116 000 enfants non scolarisés.

Grâce à ce programme innovant, nous avons soutenu 11 298 enfants non scolarisés nouvellement inscrits, en leur offrant des espaces d’apprentissage plus grands, du matériel scolaire et des bourses en nature.

Nous avons également construit 1 nouvelle école et 6 nouvelles salles de classe et remis à neuf 24 salles de classe.

Les autres activités comprennent une aide alimentaire pour les familles vulnérables, des classes de rattrapage pour les élèves trop âgés ou en difficulté, des classes d’équivalence et des classes inclusives telles que l’éducation multilingue et les classes d’apprentissage accéléré.

En sensibilisant les familles à l’importance de l’éducation pour sortir de la pauvreté, en formant les enseignants aux pédagogies alternatives, en équipant les élèves de matériel pédagogique disponible en plusieurs langues, nous luttons contre toutes les formes d’exploitation infantile au Cambodge.

 

Burkina-Faso : mettre fin au travail masqué de milliers de filles

 

Le travail infantile, contraire aux droits de l’enfant inscrits dans  la CIDE, est une véritable épidémie. Au Burkina Faso, de nombreuses jeunes filles déscolarisées ou non scolarisées sont contraintes d’effectuer des tâches domestiques ou de travailler pour contribuer aux revenus de leurs familles.

Avec le soutien de la Fondation l’Occitane, le Projet SCOLFILLE mené par Action Education propose aux jeunes filles  une mise à niveau accélérée et une réintégration dans le système d’éducation classique afin de garantir leur droit à une éducation de qualité

Grâce au projet, les jeunes filles en âge d’être scolarisées sont inscrites au CP, celles qui présentent des risques d’arrêter l’école avant la fin du cycle sont accompagnées, et les filles plus âgées et non scolarisées (ou précocement déscolarisées) bénéficient d’un système innovant de classes accélérées, cumulant sur 9 mois les modules des 3 premières années du cycle primaire.

Rahinatou, qui a participé au  projet, témoigne ainsi du changement radical apporté par Action Education dans sa vie : “Avant mon inscription au projet SCOLFILLE, j’aidais ma mère et les femmes à faire les travaux à la maison. Aujourd’hui, j’aime l’école et je veux continuer à y aller. J’aime toutes les matières. Je veux devenir institutrice plus tard pour aider les enfants.”

Tout en prenant en charge les frais liés à la scolarité (cotisations annuelles et fournitures) et l’alimentation des enfants au sein des écoles, Action Education sensibilise les familles et plus largement les communautés à l’importance de l’éducation des filles pour développer leur potentiel, plutôt que de les mettre en travail. De plus, pour ne pas diminuer les revenus du foyer, nous encourageons les familles vivant dans des conditions d’extrême pauvreté à augmenter leurs revenus grâce à des subventions et à l’intermédiation auprès des institutions de microcrédits.

Les résultats du projet SCOLFILLE et les témoignages comme celui de Rahinatou sont notre plus belle réussite :

  • 2810 élèves ont été accompagnés  au Burkina Faso, dont 2000 filles.
  • 180 enseignants formés.
  • 500 familles concernées.

 

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