©️ Albane Buriel
Action Education a mené plusieurs ateliers pour encourager la réflexion et l’expression chez les enfants de 5 à 11 ans sur le thème de l’identité, mettant en lumière l’importance de l’autonomisation et de l’empathie dans leur développement.
Pendant plusieurs mois nous avons rencontré de multiples acteurs du Val-de-Marne, qu’ils soient associatifs, de l’Éducation nationale ou encore des institutions publiques. Ces nombreux échanges nous ont donné à voir quelles étaient les initiatives, les actions menées ainsi que les freins à la scolarisation et au maintien de celle-ci pour les enfants et jeunes vivant en habitat précaire sur le département. Une étude exploratoire (Enjeux éducatifs et les dynamiques d’acteurs entourant la scolarisation des enfants et jeunes vivant en habitat précaire) a été menée par l’équipe du Territoire Europe d’Action Education. Une étude exploratoire destinée à mieux comprendre les enjeux éducatifs des enfants vivant en habitat précaire dans le Val-de-Marne a également été menée par l’équipe du Territoire Europe d’Action Education.
Au-delà de ces échanges avec ces nombreux professionnels, il était essentiel dans ce diagnostic partagé de pouvoir recueillir directement la parole de ces enfants et familles. L’entrée par l’école nous permettait alors de pouvoir observer le rapport à l’école des parents, celui des enfants mais aussi l’inclusion générale de ces enfants à l’école, dans un groupe classe et au regard des enseignants.
Nous avons alors décidé de mener un projet commun avec l’école primaire Rosalind Franklin située à Ivry-sur-Seine et concernée par les problématiques liées à l’habitat précaire. L’enjeu majeur de ce projet étant d’améliorer la connaissance de ces enfants et familles les plus éloignés de l’école, et ceci par le biais des représentations que se font les enfants de leurs environnements.
Un projet artistique “la boîte à voyager” a été réalisé avec une classe de petite section afin de favoriser l’interconnaissance par un artefact spécifique à l’école et à la famille. Les enfants ont apporté un objet de la classe jusqu’à chez eux, puis un objet de la famille jusqu’à la classe dans leurs boîtes voyageuses. Des ateliers philo-art ont également été conduits avec d’autres élèves de l’école.
S’exprimer grâce à la philosophie
Les enfants dès l’âge de 4 ans se posent des questions existentielles, sur l’amour, la liberté, la pauvreté, la mort, etc. Donner un espace, un temps à ces enfants pour discuter, pour comprendre le monde qui les entoure à travers leurs propres questionnements c’est aussi leur permettre de s’autonomiser, de penser par eux-mêmes, d’écouter la réflexion des autres et donc de développer tolérance et empathie.
Nous avons utilisé la méthode holistique de Chiara Pastorini en développant des ateliers philo-art permettant l’articulation d’une pratique artistique avec un débat d’idées, en plaçant le corps au cœur du processus de pensée. La réflexion peut alors nourrir la création artistique, tout comme l’art peut nourrir la pensée. Nous avons mené cinq ateliers auprès d’enfants âgés de 5 ans à 11 ans sur le thème de l’identité.
Qui suis-je ?
Une question que se pose chaque enfant et un questionnement qui évolue avec le temps. Un élève de CE1 oralise spontanément : “Mais en fait qui je suis ?”. Des tout petits relevant plutôt des aspects physiques, aux plus grands relatant plutôt les qualités humaines, les enfants de l’école Rosalind Franklin ont tenté de tisser des réflexions et d’envisager les aspects de cette complexité grâce aux différentes activités proposées au sein de l’atelier.
Face à l’image d’un enfant qui se regarde dans le miroir, on comprend à quel point l’apparence physique prend une place importante dans la construction identitaire de ces enfants à partir des cours élémentaires…
“Il a peur du jugement des autres, il faut qu’il soit parfait “ (élève CM2)
“Il aime pas son corps” (élève CM1)
“On dirait qu’il s’accepte pas” (élève CM2)
“Quand on se regarde soi-même dans le miroir on ne se voit pas pareil. Dans le miroir on voit notre apparence et quand on se regarde nous bah du coup on voit notre mental, notre comportement on peut se juger soi-même alors que quand on se regarde dans le miroir on se juge avec notre apparence d’abord” (élève CM1)
L’image d’enfants portant des masques nous a permis d’aborder la gestion des émotions, le contrôle de celles-ci et de ce que l’on donne à voir aux autres :
“Moi je pense que même si on porte un masque on change pas, si il y a des personnes qui sont tristes et qui portent un masque ils vont pas être heureux en un rien de temps ils vont rester tristes “
“Quand on est à l’école des fois on peut être triste mais on ne le montre pas, on peut porter un masque”
“Moi par exemple quand je m’énerve je mets mon masque pour me retenir et quand je suis à la maison je me lâche “ (élève CM1)
Mais à l’école et à la maison, est-ce que vous êtes la même personne ?
“Aussi c’est pas pareil parce qu’on reste assis et on a pas envie de parler on est timide, et à la maison on est pas timide on peut se lever et parler “
“Quand on rentre à la maison on retrouve tout ce qu’on veut et on a pas pareil à l’école “
Le regard sur le corps, les passions, les traits de personnalité et le comportement, les différents environnements sociaux, sont les éléments relevés par les élèves afin de se décrire, de s’interroger sur ce qu’ils sont et l’image qu’ils renvoient aux autres.
Le dessin un outil d’expression de soi
Si tu étais un animal, quel animal serais-tu ?
Si tu étais un lieu, quel lieu serais-tu ?
Si tu étais….
Des vacances rêvées, des souvenirs en famille, au détour par les origines tels sont les dessins qui répondent à la notion d’identité pour les enfants de l’École Rosalind Franklin
“Moi je suis un ascenseur émotionnel” (élève CM1)
“Moi je me définirais comme une lionne car une lionne elle défend ses petits, ce qu’elle a. Parfois elle se met en colère très rapidement comme moi. Elle est douce parfois envers des personnes moi aussi je suis douce parfois, parfois. Et parfois je peux être sauvage, et parfois ça m’arrive d’être sauvage quand je suis très énervée” (élève CM1)
