Droits de l’enfant : loin d’être encore une réalité pour toutes et tous

20 novembre 2023

Constat sombre en cette nouvelle Journée internationale des droits de l’enfant : ces derniers, après plus de 34 ans d’existence, sont encore très loin d’être appliqués. Action Education tire la sonnette d’alarme et demande à la France de faire des droits de l’enfant, et notamment du droit à l’éducation pour toutes et tous, une priorité de sa politique de coopération internationale.

Les enfants, premières victimes des conflits et crises

420 enfants meurent sous les bombes de Gaza par jour, plus de 4,3 millions d’enfants Ukrainiens ont été déplacés en l’espace d’un mois à peine, 10 millions d’enfants au Sahel ont besoin d’une aide humanitaire d’urgence. Les enfants, de par leur vulnérabilité et dépendance aux adultes, sont les premières victimes des conflits et crises sécuritaires qui ne cessent de se multiplier et de gagner en ampleur. Au cours des 20 dernières années, les violations graves des droits de l’enfant, pourtant recensées et interdites depuis 2005 par le Conseil de Sécurité de l’ONU, ont explosé, atteignant 

266 000 violations dans plus de 30 pays en situation de conflits, dont une hausse des meurtres d’enfants, du nombre d’enrôlement de mineurs dans les groupes armés, du nombre de mariages forcés et précoces…

Répercussions des crises multisectorielles sur les enfants

Mais les conflits ne sont pas seuls responsables de cette situation. Les crises multisectorielles, économiques, politiques, écologiques, sanitaires ne cessent de se multiplier et de s’enchaîner. Elles n’épargnent personne, nulle part, surtout pas les enfants, et notamment les plus vulnérables. Elles les exposent sans cesse à davantage de précarité et de vulnérabilités. Plus de 333 millions d’enfants vivent désormais dans la pauvreté suite à la hausse des coûts des matières premières et de l’énergie (UNICEF 2023), 40 millions d’enfants se trouvent désormais en situation d’insécurité nutritionnelle sévère et 21 millions d’enfants se trouvent dans une situation d’insécurité alimentaire sévère (UNICEF 2022). 

Menace sur le droit à l’éducation

Dans ce contexte de violences manifestes et de régression des droits humains, le droit à l’éducation est directement menacé. Face à la hausse du coût de la vie, face aux crises sanitaires ou aux conflits, les familles n’ont plus d’autres choix que de déscolariser leurs enfants, notamment les jeunes filles. Pour la première fois depuis des décennies, le nombre d’enfants non scolarisés dans le monde est en augmentation de plus de 6 millions (UNESCO 2023). Sans compter celles et ceux qui vont encore à l’école mais dans des conditions très peu adaptées pour un apprentissage adéquat : en ayant faim ; un travail à côté pour subvenir aux besoins de la famille ; sans matériel, faute d’argent pour l’acheter ou avec la peur au ventre de subir une attaque. Selon les dernières estimations, 2 enfants sur 5, soit 392 millions, qui commencent l’école aujourd’hui ne seront pas en mesure de lire une simple phrase à l’âge de 10 ans (Save The Children, 2023).

S’engager pour les droits des enfants

Les chiffres énoncés n’offrent pas de vision optimiste pour l’avenir du monde. Que deviendront ces enfants, ces jeunes, exposés à tant de vulnérabilités, à tant de crises, à tant de violences, sans aucune possibilité d’apprendre ? Sans possibilité de trouver un refuge et de se reconstruire auprès de professionnels de l’enfance capables de les prendre en charge et de les aider à rebondir. Comment pourront-ils connaître leurs droits, les défendre, acquérir un esprit critique et envisager un avenir autre et meilleur ? La réponse est simple : sans action urgente et collective, ils ne le pourront pas. 

La responsabilité des États

Tous les Etats ont signé la Convention relative aux droits de l’enfant (CIDE), soit le premier texte juridiquement contraignant à reconnaître aux moins de 18 ans des droits juridiques, économiques, sociaux et culturels. Pour autant, force est de constater à la veille de son 35ème anniversaire que la CIDE n’est toujours pas appliquée et ne le sera pas à moins d’une réelle volonté politique des Etats, prêts à s’engager dès aujourd’hui de manière diplomatique et opérationnelle pour une meilleure effectivité des droits de l’enfant. C’est pourquoi, au-delà de nos actions terrains qui visent à permettre à tous les enfants, filles et garçons, d’apprendre à lire et écrire dans un environnement d’apprentissage de qualité, Action Education mène des actions de plaidoyer auprès des Etats, notamment de la France, pour que celle-ci fasse des droits de l’enfants et notamment du droit à l’éducation une priorité de sa politique de coopération internationale. Des actions qui se sont notamment concrétisées cette année par une contribution d’Action Education au rapport remis par la société civile au Comité des Droits de l’Enfant sur la situation des droits de l’enfant en France et dans sa politique étrangère. Suite à ce rapport et à l’audition de la France, le Comité des Droits de l’Enfant, en juin dernier, a encouragé la France à opérationnaliser ses engagements, à augmenter son aide publique au développement à 0.7% et à évaluer l’impact de sa politique de coopération internationale sur la question précise des droits de l’enfant. Action Education et les collectifs avec lesquels nous veillerons dans les prochains mois à ce que les recommandations finales du Comité des droits de l’Enfant ne restent pas lettre morte !

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